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CHAPITRE VI

VALEUR ÉMOTIONNELLE DES FORMES DU RYTHME(i)

^ 172. Tout ce qui accroît l'activité, dans certaines limites, est par là même excitant et éveille une sensation de plaisir et d'entrain ; tout ce qui la diminue, au contraire, calme ou déprime et provoque, à un certain degré, une sensation de peine et d'abattement, ^sous pouvons considérer cette action comme positive dans le premier cas et comme négative dans le second. Elle explique l'efTet direct des différentes formes du rythme musical ou poétique.

s5 17.3. Plus le temps marqué le sera fortement, c'est-à-dire plus l'ac- croissement d'intensité y sera considérable (2), plus il agira sur notre sen- sibilité avec puissance et dans un sens positif. Plus il reviendra vite, plus il en sera de même (3).

s^ 174. L'activité suit le mouvement croissant ou décroissant du rythme: de là le caractère excitant et allègre ou énergique du premier, calme et grave ou languissant du second. Ce caractère est encore accentué, en géné- ral, par la rapidité de celui-là et la lenteur de celui-ci, rapidité et lenteur qui s'expliquent par le principe du moindre efl'ort et d'inertie : on se dépê- che d'arriver à raccroisseraent d'intensité, quand il vient à la fin, pour ne pas dépenser auparavant trop de force musculaire; quand il vient d'abord, on laisse ensuite l'en'ort diminuer peu à peu, on se repose — c'est pour cette raison que l'expiration dure plus longtemps que l'inspiration (4). Le

(1) On peut la considérer comme ofTet ou comme cause. C'est au second point de vue que je me place en général. Il n'y a d'ailleurs qu'à renverser les termes pour obtenir le point de vue inverse : le rythme excite les émotions qu'il exprime. — Pour les exemples, je renvoie à la /■■« Partie (§ 179-188 et Conclusion du livre III).

(2) Ce qui tient à la différence plus ou moins grande entre l'intensité de la forte et celle de la faible (cp. ^ 1 1 1 et /= Partie, § 63 et i85).

(3) M"" Smith a constaté que l'accélération du rythme naturel par le métronome, etc., est agréable et favorise le travail, même intellectuel (v. Philos. Sltid., XVI, p. 280). Au delà d'une certaine limite, c'est l'inverse (cp. § 77 et 85).

Ci) Mf^mc à durée égale, les groupes croissants nous semblent plus courts que les décroissants cp. Wundt Phys. Psych., III. p. Sg et suiv., 166 cl suiv.); c'est ([u'ils excitent davantage.