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ORIGINE ET EVOLUTION DES METRES POETIQUES iL'h)

Au moyeu âge, dans la Légende de S^'-Cdl/ierine, par exemple, et dans la Chronique de Robert de Gloucestcr, le sénaire est mêlé irrégu- lièrement au septénaire. A la Renaissance, les deux vers alternent réo-u- lièrement dans certains poèmes, la plupart de Surrey : c'est la Pouller's Measiire, dont la résolution a reçu dans le Ilrnin Uook le nom de Shori Meosure (i).

Dans toutes ces formes — au moins dans les formes régularisées, dont se servaient surtout les clercs — il y a certainement eu adaptation directe ou indirecte aux rythmes réguliers des hymnes latines et des vers français, y compris l'alexandrin (2). Non seulement certains poètes écrivaient aussi bien en français qu'en anglais, comme le faisait encore Gower, mais ils mêlaient parfois les deux langues, dans le Cluml à Marie par exemple, où ^Ues alternent d'un bout à l'autre :

Mayden moder inilde, Oiez cel oreysoiin, From shome thon me shilde E de Ir nialfeloun(o).

Il ne faut pas oublier que beaucoup de clercs anglais avaient fait leurs •études à Paris, comme cet Hilarius qui s'établit pour toujours en France et dont il ne nous reste plus que des vers latins ou français, parfois entre- mêlés (A).

Malgré le triomphe de la rime, l'allitération n'avait pas disparu. Tantôt elle s'employait seule, tantôt à côté de la rime (v. A, premier exemple). Mais elle ne tarda pas à tomber en désuétude en tant qu'élément essentiel de la versification (5).

55 iG"). Dès la période du moven anglais, lallongement de presque toutes les brèves accentuées rendit peu à peu impossible la résolution régulière des fortes, et les pieds ne se distinguèrent plus que par le nombre des syl- labes. En anglais moderne, par suite de raffaiblissement et de l'amuisse- ment progressifs des vovelles inaccentuées, la terminaison tintante faible (gôlde, blî^e) disparut aussi peu à peu, au moins dans la poésie litté- raire (6). Pour des raisons analogues, on fut amené à n'employer que des pieds parisyllabiques, presque uniquement celui de deux syllabes, en

(i) V. /" Partie, § af^O, i" a et (/.

(2) Il n'y a ici que l'adaptation d'un mrtrc indigînc à un mîtrc; étranger. On no peut doiif y voir le pendant exact de ce qui s'est passé chez les llotnains quand ils adoplircnt les mMres grecs en consen'ant certaines habitudes de leur versification nationale.

(3) V. Wiilcker, Allenrjl. Lcsebuch, Halle, 187^, p. 49- C'est également dans ce recueil que j'ai pris la plupart des exemples précédents. Au temps de la poésie allitérée, nous trouvons des vers moitié anglais et moitié latins, à la fin du Pliénis et dans l'Oralio Poelica : mais c'est le latin <jui est accommodé au mètre indigène.

(4) P. ex.: Si venisses primilus, Dol en ai. Non essel hic gemitus. Bais frère, perdu vos oi.

(5) Sur ces questions, v. Luick, l. c.

(6) Cp. à l'ancienne la forme moderne du ballad mètre: « eight and six », dit Quincc(.l Mid- summer-Night's Dream, III, i, 1. 25), c'est-à-dire huit syllabes et six syllabes.