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ORIGINE ET ÉYOLLTION DES MÈTRES POÉTIQUES iC")

jours leurs anciens poèmes sur Sigurd et ils les chanteiit, en dansant, sur des airs non moins anciens (Y. Add.y

Je reste donc persuadé que les Germains chantaient bien leurs vers, qu'il s'agit d'un simple récitatif, comme c'est assez probable pour l'épo- pée (i), ou bien d'un chant véritable, comme on peut le supposer pour la poésie lyrique (2).

§ i63. M. Sievers admet lui-même que le Ijôdahâttr Scandinave se chan- tait (/. c, p. 226 suiv.). Ce « mètre des chansons » présente à peu près toutes les formes qu'on peut tirer — à l'aide de contractions, de résolutions et <le silences — de ce rythme fondamental, celui du vers germanique pri- mitif :

C(J)|JJJJ|JJJW(3)

gambanrei^e go^a. | J J J J | J J ■ •

Sklrnesmôl (éd. Finnur Jonsson, Halle, 1888, sti-. 32).

Deyr fê, |o | J - ,

deyja frtiendr, | J J|J T

'Il ' I ' deyr sjalfr et sama. J | J. J | J • <■ (J\)

ek veit einn, | d J | J T

at aldre deyr, J| d d| J -

dômr of dau^:)an hvcrn. ; J • J | J J J (^)

Hôvamol (ib. str. 58).

On pourrait supposer que chez tous les peuples germaniques il existait îiinsi un mètre des chansons, libre et varié, à coté du mètre plus fixe et plus savant des cinq types, et qu'il s'est perpétué jusqu'à nos jours, en se modifiant peu ou prou par suite de l'évolution de la langue et sous des in- fluences étrangères, dans la poésie populaire de tous les pays germaniques, surtout dans leur poésie enfantine {riursery rhynies){ÇÎ). Cette hypothèse, quoique plausible, n'est pas nécessaire : les formes de cette poésie popu- laire ont pu naître du vers allitéré normal par une transformation nouvelle, qui apparaît clairement en Allemagne dès la première moitié du ix'" siècle,

(i) Il en était de même sans doute chez les Grecs et chez nos trouvères.

(2) Qu'on ait souvent dit les vers, il n'y a pas de doute. Cuthhcrt racontant dans une lettre la mort de Bède, son maître, rapporte que le mourant ciiantait (canebal) àcs passages des Saintes Kcritures et qu'il disait {dixil, dictuni) des vers improvisés en anglais. Nous possédons le texte de ces vers dans un manuscrit du ix^ siècle (S' Gall, n" 35A). î^ans les chanter, Bède a pu les rythmer.

(3) V. HeuilcT, Der LjîJjaltUllr, Berlin, i8(jo.

(4) Deyr, à la troisième répétition, n'est plus accentué (v. /'« Partie, ^ 77) : toute la force dr l'expression tombe sur sjalfr et sama.

(5) V. p. 162, note ,3, et cp. Ilcusler, l. c, p. 81.

(6) Le moy. ii. allem. liel signiGe strophe, comme IjûJ en v. norrois. — V. Ilcusler, Gerin. Versb. Pour l'anglo-saxon, v. Paul's Grundriss, 2« éd., II, I, p. g.oO etsuiv., «jOa. — Cp. Add.