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ORIGINE ET ÉVOLITION DES MÈTRES POÉTIQUES 1 5ft

au ivlhmc de sou modèle, le dimètre ïambique, tel que rcniplovalcut Horace, Séncque et Prudence (i).

§ lÔQ. Dès les premiers temps, raccentuatioii de composés tels que

  • ('^W,/«//«(/«^, '/o;//rt?67rt-, *litind^\\'orxla~, *mnnji:/ia^, 'ùro:/>Jaiisa~\,cic.,

a dû imj)osor la contraction de FIFf en FFf(^>). Peut-être s'en permit-on bien- tôt de semblables dans d'autres cas, par exemple, avec des formes telles que *|'/«/7(^//jt7//^^q| (3), etc. Nous en avons un exemple, du commencement du ix" siècle, dans l'inscription de la corne d'or de Gallehns (j)rès deMo'crel- tonder, en Slesvig), s'il faut v voir un vers :

r F r F (■ F F f, F F F f F. ek hlewagastia. holtirjan. horna. tawido.

\('/,- y^■le\\'a^^as(il \voltuj<za.i '.tor/ià '/aivich:] (1).

Mais c'est lii peut-être une simple ligne de j)rose. Il est donc impossible de dire s'il y avait d'autres contractions que celles imposées par l'accen- tuation de certains composés.

Mais les chutes de voyelles, syncopes ou apocopes, dues à l'énergie de laccentuation, introduisirent peu à peu une quantité de contractions dans les vers transmis de père en fils, qui sous cette forme mutilée servaient de modèles aux poètes des âges suivants. Un petit vers ou hémistiche tel que celui du paragraphe précédent devait devenir en vieil anglais:

ge vîsficst wordum.

C'est ainsi que. tout au moins dans la poésie stichique des Anglo-Saxons et dans le fornvrâisUt^ des Scandinaves, les quatre pieds se trouvèrent enfin réduits à quatre syllabes ou plutôt à quatre éléments (o):

(i) Il lin faut pas oublier que la prcmirro syllabe s'était abrogée dans aelernc cl allongée dans <lominc. Aussi le rythme était-il exactement le même pour l'oreille que dans ces vers du même temps, cpii rc;speclent à la fois l'accent et la fjuaiitité classique : lam sol recedil igneus... Infimde lumen cordibus.

(2) Ces composés ont pour premier terme un monosyllabe à thème consonantiquc : op. v. angl. fôllâst « empreinte du pied » (le got. laists a un thème en t) ; v. norrois GuSnxundr (ku^umu(njt dans l'inscription de llelnaîs, vers 800); got. handuwaurhls, v. anglais haiidgcweorc \ got. manleika « image w ; v. norrois brôklaiiss « sans-culotte ». — Il va sans dire cjtie le pied réduit à une syllabe pouvait continuer à se chanter sur deux notes.

(3) > fûliêin (Hildehrandslied, v. 9).

(4) Voici la forme que cette plirase aurait présentée plus tard dans les divers dialectes germa- niques:

V. norrois: ek. lllégeslr hyltengr horu *tiida.

Gotique : ik *liliugasfs *liultiggs haurn tawida.

Saxon occid. : ik *hlc^oglest *liulting horn *lîegde.

Norlhumbr. : ik *lilêagest *liolting liorn *leigde.

V. h. allem. : ih * (h)lcogast *holzing horn zcwita (bavarois: zouwita).

« C'est moi, Illcwagasfir, fils de Ilolt, qui ai façonné cette corne ».

(5) Cp. H. Miiller, Zur alllioclideulschcn alUlcrationspoesic, Kiel, 1888, jj. 117 et suiv., et Sievers, All'jermanlschc Mclrih, iSyS, {5 i5o et suiv. — Notre alexandrin présente une évolution analogue, bien que contrariée par l'influence de la tradition écrite (v. § i4g, fin). L'objection de