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48 ESTHÉTIQUE DU RYTHME

2" Le VERS GREC.

§ i53. Chez les Grecs, le grand vers primitif se retrouve exactement dans le tétramètre. Par suite de la tendance à prolonger les fortes, ils pré- férèrent bientôt, au moins au pied fort des dipodies, _ v> à Le rythme

devint ternaire :

iJ-ri^./.i(o ou |j;ij/i(2).

La fin de la période est indiquée par la suppression de la dernière faible:

. — w —

Aristophane, Allées, v. lo^o.

La faible _ (J . j pouvait se résoudre : ^v^, c'est-à-dire |J .XJ (3)- La forte _L ou -1 se remplaçait aussi plus ou moins souvent par c v^. La contrac- tion de ^ w ou de ^ i^ en lj_ était permise à l'origine et elle le resta dans la poésie populaire ainsi que dans certaines formes lyriques ; la poésie litté- raire ne l'admet que rarement et suivant des règles fixes. En effet, par la prédominance ou par l'emploi presque exclusif de _ ^ ou de _ ww, à côté de __, par la conservation ou la suppression régulières de l'anacruse, par la contraction ou la réduction obligatoires du pied faible (4), les poètes avaient tiré du vers populaire plusieurs sortes de tétramètres : ïambiques, anapestiques (5), trochaïques, dactvliques, crétiques, bacchiaques, etc. Ces tétramètres pouvaient en outre s'étendre en systèmes, par la répétition ad libitum de l'antécédent, et se résoudre ou se développer sous bien des for- mes (6). C'est ainsi que le mètre primitif s'est différencié en un grand nombre d'espèces (7) ; l'esprit humain procède comme la nature, dont il

(i) A l'origine, sans douto, \ S I • J | •

(2) Peut-être faut-il admettre dès le début une double évolution de xx : l'une en _^ ( )

= J# \0 •• • y ; l'autre en _wu(_ _)== J J J \^J JJ. Il y aurait eu ainsi un groupe ïambo- trocliaïque, représenté par les divers tétramètres, et un groupe dactylo-anapestique, comprenant l'hexamètre, le prosodiaque, le vers anapestique d'Alcman ou de Tyrtée et leurs dérivés. Dans le second groupe, — ne peut se remplacer par ^ w, et la scansion est peut-être monopodique.

(3) Dactyle cyclique. Quand le dactvlc n'est pas mêlé à des pieds forcément ternaires, il de-

vient I J J # |.

(4) Contraction : -L w lJ_ (au lieu dé _L vj _!_ w). Réduction : -L vy J. (au lieu de J. «^ J_ .j).

(5) Dans les È;i.,3a-:r|i;a de Tyrtée, le dactyle n'est pas cyclique.

(6) Par exemple le vers anacréontique, 'EpaaaiT] t.Ckv.x ^ i- w — vj i_-_ :k a ou Ilpo; "EoojTa T.xjv.zxk'ZiKi w u i- w _L vj lÏ. jÏ a , et le 'pyO|ji.ô; y.'ip'.a/.d; ou ' Itlup'.-ioi'.ov (aussi nommé Xr,-/.jOiov à cause d'Aristophane, v. Grenouilles, 1200), ©ojp-.o; aoX'ov "Apr,; J vv — «j -L w lJ_ (Euripide, Phénic, 2^0), Non cbur neque aurcum (Horace, c. II, 18). Pour les divers tétramètres et svstèmes, V. Ilavet, Métrique.

(7) Nous en verrons un autre exemple, impossible à récuser, dans la poésie islandaise.