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I^O ESTHÉTIQLI- OU RYTHME

La quantité est encore bien plus maltraitée que l'accent : « Lono vowels must be sung to short notes and short vowels to long notes » (El lis, Speech in Song, p. 128).

Bien qu'il ne puisse guère déplacer les pauses indiquées par le sens, le compositeur ne mesure pas toujours ses sections rythmiques sur celles de la poésie : tantôt il contracte deux pieds en un seul, tantôt d'un seul il en lire deux (i).

Les merveilleux progrès de la musique ont d'ailleurs amené les compo- siteurs et les exécutants à oublier le rythme pour ne s'occuper que de la mélodie et de l'harmonie. Il en était déjà ainsi chez les anciens du temps de Plutarque (2). A plus forte raison chez les modernes, surtout dans la musique instrumentale. Certains virtuoses du piano semblent ignorer qu'il existe des temps forts et des temps faibles (3).

Il y a chez nous une réaction contre toutes ces négligences, qui nuisent à l'intelligence du texte chanté : reprenant la tradition de Lulli, de Gluck. de Rameau, de Grétry, nos compositeurs cherchent à modeler le rythme musical sur le rythme poétique ; les traités de composition musicale les y engagent et contiennent à cet égard des recommandations détaillées. Chez Wagner, à la fois poète et musicien, la fusion des deux rythmes est pres- que parfaite, et ils y gagnent tous deux en précision, en force et en beauté.

B. - INFLUENCE DES MODIFICATIONS PHONÉTIQUES SUR LA VERSIFICATION

i" Le i^ers indo-européen.

§ i52. Les transformations d'une langue peuvent entraîner une accom- modation différente au rythme du chant, c'est-à-dire un nouveau système de versification. Nous en trouvons des exemples dans l'histoire de plusieurs littératures.

Il résulte de la métrique comparée que dès avant leur séparation en peuples distincts les Indo-Européens employaient un mètre de cette forme :

^ JlJJIJJIJJIJJIJJiJJIJJIJtw.

(i) Il en est parfois de même dans la déclamation ; cp., au § 12, 2" à 1°.

(2) 01 [lïv yàp vuv çi)>ci[j.cA£r;, 0'. oâ tors -yiXôppuOao'. (Plutarque, De Mtisica, c. 21).

(3) Sur d'autres causes, qui ont engagé à effacer le rythme pour des raisons esthétiques, V. § 101, fin, et /'■•= Partir, § 98, Gn.

(4) Pourquoi on préfère la forme à anacruse, j'en ai donné la raison à propos de l'anglais (/'■" Partie, ^ 287). L'anacruse sert de faible au dernier pied du petit vers précédent. Il se peut que parfois, régulièrement ou irrégulièrement, elle s'y soit transportée en transformant ainsi le

mètre : |JJ|JJ|#J;JJ (cp. / Partie, § 289). Le rythme devait se décomposer en dipodies décroissantes, comme en grec : la forme des composés indo-européens indique une tendance à l'accentuation décroissante (v. /•-' Partie, § 72). L'anacruse est presque la règle dans le rythme subjectif rapide (v. Wundt, Phys. Psych., III, p. 26).