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av. J.-C, si nous nous en rapportons au témoignage tardif do Denys d'Halicarnassc (i), la hauteur des notes est parfois en désaccord avec l'in- tonation fixe ou T.zz-(.K'.x (2). C'est même fréquent dans les tragédies d'Euripide (3) : tantôt on chante sur une même note plusieurs syllabes d'in- tonation diflerente (4) ; tantôt on intervertit le rapport naturel de hauteur entre deux svllabes du même mot(ô). Bref, « la musique subordonne les paro- les à la mélodie, et non la mélodie aux paroles, comme on en trouve un peu partout des exemples » (6). Dans les hymnes à Apollon (11* siècle av. J.-C.) et dans l'inscription de Tralles, dont nous possédons la musique, le compo- siteur a du moins observé scrupuleusement la règle que M. Th. Reinach formule ainsi : « Dans un même mot, aucune syllabe ne peut porter une note plus aiguë que celle de la syllabe tonique » (7). Mésomède, qui vivait sous Hadrien, ne s'y est pas astreint dans ses hymnes au Soleil et ii Némésis (8).

Quant à la durée, d'après Denys d'Halicarnassc, « la musique abrège et allonoe les syllabes, souvent de manière h en intervertir la quantité » (9).

S i5i. On peut faire à peu près les mêmes remarques sur le chant moderne. Dans les langues qui ont une intonation fixe, comme le norvé- gien et le suédois (10), la musique n'en tient guère compte. H est rare qu'elle ne conserve pas quelque chose de l'intonation générale de la lan- gue, si bien que les airs allemands ressemblent peu aux français et les nor- véo-iens aux danois (11); mais il serait souvent difficile de retrouver dans la mélodie l'intonation de la phrase grammaticale ou du vers auxquels elle s'applique.

(i) I^"" siècle de notre ère. La musique avait pu être notée.

(2) La syllabe tonique est plus haute d'une quinte environ que les autres (v. /'"'^ Partie, ^

125).

(3) Denys tire ses exemples d'un passage à'Oiesle (v. i/io et suiv.), que je cite d'après noire meilleur manuscrit, le Marcianiis :

iliya, aîya, ).£-t6v ï/yo; âooôÀr,; tiOete, \x7] xtutoTts... 'a::07:p66aT' IxeTa', à-o~oo [j.01 /.oiTa;.

(/() âppûXr];, par exemple, et Sîya, aTya, À£-tov.

(5) Dans tîôste, la première syllabe se chante sur une note grave ; les deux autres, sur une même note aiguë (notre manuscrit de Denys a xiOcItc, mais et cette remarque de l'auteur et la suivante prouvent que c'est là une faute du copiste). Dans /.tu-sIte, le circonflexe disparaît. Dans àr.orooïax', la quatrième svUabe se chante plus haut que la troisième (je doute qu'il faille lire à-Q-oo fia-' — cette prononciation se serait certainement maintenue jusqu'au temps de Denys, soutenue qu'elle était par la musique). — Dans le fragment d'Orestc dont nous possédons la mu- sique (v. Jan, Mus. graec, Suppl., p. 6-7), la syllabe tonique se chante moins haut que l'autre ou les autres dans les mots aaxcpo:, [xô'ya;, [jso-oÎ;.

(6) De Comp. Verb., 76, 5 et suiv.

(7) Revue Critique, 19 nov. 189/».

(8) L'intonation fixe tendait peut-être déjà à se transformer en accent.

(9) L. c. Le texte est précis: oiaxa -oÀXâz'.ç et; tàvavT;a az-a./ (opv.v . Il semble impossible d'ad- mettre avec M. Alfred Groiset que ce passage « ne s'applique qu'à ràyajyrl » {La Poésie de Pin- dare, p. /jS, note 2).

(10) V. /'■<= Partie, § 120.

(11) V. P Partie, § i^o, 2°.