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CHAPITRE V

ORIGINE ET ÉVOLUTION DES MÈTRES POÉTIQUES

§ i^o. Les mètres de la poésie se sont formés en même temps que ceux du chant. Toute section rythmique de ce dernier comporte un certain nom- bre de mesures et de sons, avec certaines pauses et certaines cadences, ainsi qu'une intensité et une durée déterminées pour chaque son en parti- culier. Il est évident que, suivant la phonétique de la langue, le nombre, l'accentuation et la quantité des syllabes doivent y correspondre peu ou prou, aussi bien que la longueur des phrases grammaticales et leurs divi- sions. Ainsi naît le vers ; en se répétant, il devient mètre, ou plutôt nous ne reconnaissons comme vers que ceux qui présentent un mètre connu. Les vers servent ensuite de base aux mètres du chant.

J'ai montré comment notre sens du rythme en a dégagé les formes, dans le chant, des éléments qu'il trouvait dans chaque langue ou plutôt qu'il y avait lui-même développés avec le concours des lois physiologiques(i). C'est ainsi qu'une nursery rhjme anglaise et un hymne grec peuvent pré- senter exactement le même rythme, exactement le même mètre (2):

— v-* — yj

Mais le rythme et le mètre, à ce qu'il semble, sont nés là de l'accent et ici de la quantité (3). Aussi est-ce l'accent ou la quantité, suivant la langue, qui sert de base au rythme et qui par suite est soumis dans le vers h cer- taines règles. Il y a donc une t^e/si/ication accentuelle et une versification quantitative .

Mais il n'est pas sur que les mètres poétiques soient toujours nés comme je viens de l'exposer. Quand l'accent ou la quantité se modifie dans une

(i) V. § io4 et suiv.

(2) V. § 9, exemple, x et x . Il y a deux légères différences entre ces exemples particuliers :

' ,'^ r i^

l'anacruse du premier membre a disparu dans la nursery rhvme, et J est remplacé par • • dans une mesure simple de l'hymne grec.

(3) V. § io4 et suiv.