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IF. lOTHMT m CHANT 1 1 f)

La pause temporelle qu on emploie le plus souvent ù la lin des périodes, dans les chansons populaires de tous les pays, consiste dans la prolonga- tion de la dernière lorte principale pendant une mesure simple. Il en résulte une cadence tintante ou tronquée, presque toujours masculine, par exemple _L ■- ou J_ (cp. s5 io6, fin).

Pauses et cadences mélodiques.

î; 126. Tout chant a pour fond de son dessin mélodique un ensemble de notes apparentées de très près par leurs harmoniques, c'est-à-dire la toni- f[ue, la dominante ou supradominante (quinte supérieure), la sous-domi- nante ou infradominante (quarte supérieure ou quinte inférieure) et la mé- diante (tierce supérieure). La plus importante est la tonique, qui donne au morceau tout entier ou au fragment sa tonalité particulière. On est donc porté i» mettre aux renforcements métriques celle de ces notes qui corres- jtond il leur importance relative. C'est ainsi que le renforcement métrique initial tombe en général sur la tonique (i) ; le dernier, presque toujours. Toujours la période se termine par la tonique, qui seule nous donne la sen- sation de quelque chose d'achevé, de complet : en efîet, elle coïncide avec le son fondamental qui domine l'ensemble des sons ou plutôt leur sert de base commune ; elle est comme le centre où ils convergent tous ; elle les rappelle tous par ses harmoniques, elle les résume tous dans un accord discret (2). Ce n'est pas tout encore: entre les diverses terminaisons pos- sibles, le chant n'emploie que celles qui par la faiblesse des intervalles, presque toujours un demi-ton ou un ton. augmentent encore cette sensation d achèvement, le mouvement de descente et de montée s'atténuant ainsi pour arriver au repos final. Pour la même raison, c'est l'intonation descen- dante qui est de beaucoup la plus fréquente (."^). La sensation de repos tient dans les deux cas à ce que l'efTort phonateur et limpression auditive dlmi-

il tombe sur l'ictus final quand le rvtlime se termine par une grande valeur « {id.. Rythme mus.. p. 8. Même observation). — D'après Czerny (/. c), il y a un rallentando :... « 2" Quand on sé- pare une phrase de la mélodie ; 3'^ sur les notes longues bien accentuées; 5" après une pause [= silence] ; 1 1" à la fin des traits qui terminent une cadence ». — Cp. aussi I'* Partie, 5; 1 1 1 . On parle déjà des pauses temporelles dans la Commcmoratio breuis de tonis (x* siècle), attribuée à Ilucbald, et Guv d'.Vrozzo (-'- loôo) est plus précis encore : « ténor uero, id est mora ullimae uocis, qui in syllaba quantuluscumque, est amplior in parte [^^ membre], diutissimus in dis- tinctione [= phrase] » (^Micrologus, cap. XA ). — La pause temporelle peut être prolongée par un silence (v. p. 110, note 2).

(i) Dans les Chants populaires pour les Ecoles, par MM. Bouchor et Tiersot (7= éd., Paris, igoS). i^ mélodies sur 36 commencent de la sorte; 55 sur les ii4 airs anglais du Somi Book. par John Ilullah (Golden Treasury Séries, Londres, 1893): en tout 69 sur i5o. Le dernier livre contient quelques mélodies anciennes dans l'un ou l'autre des modes que le plain-chanf a en partie conservés jusqu'à nos jours (n»* IH, IV, XVI, XIX, XC, XCVII). D'après Ilelmholtz (/. c, p. 35"), on ne peut douter que ces modes doivent être considérés comme des gammes essentielles ; j'en traite donc Xa finale comme une tonique.

(2) Cette obsenation s'applicpie moins bien à l'h}-pate des Grecs et à Xajlnale du j)Iain-cliant (v. Ire Partie, ^ i32).

(3) Cp. P'^ Partie, ^ 128 ut 129.