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I.E RYTHME ni CHANT 11"

cement initial cl un rcnfoiccment final, dont le premier ou le dernier l'em- porte sur l'autre — le premier sans doute en général, parce qu'on a plus de souffle et d'énergie en attaquant une section qu'en la terminant (i). Pres- que toujours ils sont tous les deux bien sensibles dans la période, dont il importe de marquer nettement le commencenient et la (in (2). C'est surtout dans les phrases, dans les membres et dans les sous-mcmbros que l'un d eux s'atténue considérablement par lapportà l'autre (3). On ne remarque bien ces phénomènes que dans la musique des instruments à percussion, tels que le tambour (4) et les castagnettes, ainsi que dans les danses, les marches et les chansons populaires, où le rythme a autant de valeur que la mélodie, sinon davantage (5). Dans la musique savante, 011 bien souvent le • rvthme s'afTaiblit, il n'est pas rare que les renforcements métriques s'effa- cent plus ou moins, pour laisser le champ libre aux nuances expressives, aux accents pathétiques. La forme même du dessin mélodique entraîne d'ordinaire un renforcement médian, qui éclipse fréquemment celui du commencement et de la fin. On recommande en général de terminer la mélodie piano, pour rendre la chute moins brutale ; en pareil cas, le ren- forcehient final est à peine marqué. Il est vrai que bien souvent il se trans- porte plutôt en grande partie sur l'avant-dernière forte : il y a ainsi dans leffort expirateur du renforcement final une diminution graduelle, qui donne mieux l'impression du repos. C'est là une forme de cadence ryth- mique.

Cadence rytJiini<iue. s; 124- Dans un morceau ii quatre temps, par exemple, la cadence rytli-

(i) Avec mon exposé, qui se fonde sur mes expériences, concordent les explications souvent décousues de divers musicographes que je vais citer dans cette note et dans les suivantes. Mathis Lussy : — Le commencement et la fin d'un rythme [= phrase musicale] sont marques i" par deux ictus [= renforcements métriques], l'un au commencement et l'autre à la fin ; 3" par un seul ictus au commencement ou à la fin ; 3° par un ictus « au commtmcement et seulement à la fin d'ime strophe » [;= période] {Le RyUune musical, 2 éd., Paris, i884, p. 3 et suiv.). — «Car toujours le temps fort qui suit l'anacrouse prend l'ictns » («6., p. i4). — « Plus la coupe mctri<juc est forte, plus il faut de force » {Expression musicale, Paris, 18'y^, p. 1^0). — « Plus une phrase est énergique, plus sa note finale masculine est forte » {ib., p. 61). M. Lussy constate en ces termes que le renforcement initial se préj)are dès l'anacruse : « La première note de chaque rythme est forte, quelle que soit la place qu'elle occupe dans la mesure ou le temps » (Hythme mus., p. 8'i). On sait que l'anacruse .se chante assez souvent sur la tonique.

(2) Notez que dans les terminaisons masculines, c'est-à-dire les plus fréquentes de beaucoup, le renforcement tombe sur la tonique, et « qu'en règle générale la musique moderne fait en- tendre la tonique sur le premier temps fort du commencement » (Ilelmholtz, /. c, p. 3i5).

(3) D'après M. Lussy (Rythme mus., p. 89), il ne doit pas y avoir de renforcement h la fin des sous-membres (« incises »), même dans les danses et les marches. J'en ai pourtant trouvé.

(4) La Nouvelle Méthode de Tambour de Durcau, Paris (sans date), ne parle pas des renforce- ments métriques, mais on y voit que toute batterie se termine par un son fort (v. p. i3 et suiv.). il suffit d'écouter une batterie de tambours pour observer qu'il y a un renforcement métrique au commencement de chaque section et à la fin. Le dernier est moins intense dans les marches, afin de ne pas indiquer une fin véritable, c'est-à-dire une halte.

(5) « Que dans les danses et les marches les notes finales soient marquées avec énergie, cela va de soi » ÇSl. Lussy, Expression mus., p. (h).