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LE RYTHME DU (.H VNT ll5

sente peut-être le rythme ïambicjue des Grecs, il v a opposition entre la marche du groupe composé et celle des groupes simples.

On comprend que les Grecs aient conservé leur double série de pieds croissants et de pieds décroissants, même si leurs vers ïambiques n'avaient pas toujours un rvthme croissant: cette double scansion se tonde sur le rvthme de durée, le rythme quantitatif, que forment par leur répétition les groupes rythmiques (i). Ce rythme de durée était très marqué dans leur poésie et en général très régulier. Il existe également dans beaucoup de chansons populaires allemandes, anglaises ou françaises, on peut même dire dans la plupart, et il y est presque toujours bien observé. Dans notre musique savante, au contraire, surtout dans celle d'aujourd'hui, il s'efface en général et disparaît même quelquefois entièrement.

Remarque. — Faut-il voir dans les pieds de la mélodie et de la poésie grecques des groupes rythmiques plutôt que des mesures ? S'il en est ainsi, ces groupes rythmiques ne correspondent guère aux groupes logiques (mots et groupes de mots). C est possible, mais peu probable, surtout dans les vers récités. La mar- che du rythme varie sans doute suivant la forme de la matière linguistique et suivant l'expression. Dans le passage d'Euripide dont nous possédons la notation musicale (v. p. 9, x" et note 6), la fin des dochmius impairs est indiquée par une note instrumentale, toujours la même (v. Crusius, Philologus, Lll, p. i83 et suiv., LUI, Ergânziingshcff, p. i/jg et suiv.), qui semble diviser le morceau en groupes rythmiques surcomposés. Mais le dochmius constitue une mesure sur- composée au sens moderne — à peu près exactement, si c'est le deuxième temps fort qui l'emporte sur les autres, comme je le crois (cp. p. 112, note i) — exac- tement, si c'est le premier, comme le pensent d'autres métriciens. La note en question — Z ou, d après Crusius, I — servirait donc plutôt à indiquer la mesure qu'à diviser en groupes rythmiques. Dans les vers dochraiaques, comme dans les autres, les groupes logiques de mots et même les mots enjambent souvent d'un pied sur le suivant (v. le passage noté d Euripide). Il est donc bien difficile de voir dans le pied grec un groupe rythmique.

2" Sections rythmiques.

§ 122. J'appelle sections ry//i/?ii(jaes les divisions de la matière du rythme qui forment chacune un tout (2). Ce sont, par ordre décroissant d'impor- tance, la période ou strophe (3), la phrase ou vers, le membre de phrase ou hémistiche et le sous-membre (4). On peut leur appliquer l'épithète ryth- mique, parce que l'unité de ces groupements est indiquée par le renforce-

(i) De là leur définition du rytlimc ; 'P-jOijio; l'z-'. TJi-Tiiia iy. ypovtuv /atà Ttvà Ta^'.v ajy/.î'.- jicvojv (.\ristide Quint., éd. Meibom, p. 3l ; cp. Bacchius, ib., p. 22, etc.).

(2) Ni l'unité rythmique (mesure, pied, etc.), ni le groupe rythmique ne forment un tout, mais bien une partie d'un tout.

(3) ricpiooo; r,v Y.xloOi'.'j 0'. iiojT.v.oi. atiOvrl'/ (Denys d'Ilalicarnassc, De adin. ui dicendi Dem., c. L).

(A) Au lieu de sous-mcmbre, on dit aussi incise; mais ce terme a en grammaire un tout autre sens. Motif est encore moins bon.