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TIO ESTHETIQUE DU RYTHME

Bien qiifi cotte notation s'adapto à moivoillc à leurs mètres et a leur musi- que, elle est certainement plus imparfaite que la notre : elle est encore plus compliquée; le concret et l'abstrait s'y mêlent étrangement. A un point (le vue, pourtant, elle est plus simple : elle n'admet qu'une seule unité (le temps, le ypîvcç r.pM-.o: ou iXiy.'j-z: {^^, dont la valeui- ne change qu'avec le tempo ou ày^yô (pOij.'."/.r,). Comme ce temps premier est indivi- sible (à:;xEpr,;, à'îiy,;;), les autres durées en sont des multiples, non des fractions: ypôvîç o'.rr,[j.o; (_= 2J) yp. -:p{7r,tj.5ç(i_ = 3v^), yp. ':t-pxzT,[j.z: (1— > ^4^), yp- TTîv-rir^'j.îç (lxj = 5v^). Ce sont là des durées rationnelles (^ypi-iz: Py;to()(i). Si une durée ne peut s'exprimer par un multiple du temps pre- mier, elle est irrationnelle (i'Xovoç). Les silences, ou y^pyizi y.vK'. (a), se me- surent de la même manière : a=w, 7\=_, A"=rL_, etc. (2). La tendance que nous avons à prolonger les sons forts leur a fait attribuer une durée longue dans toutes les mesures fondamentales ; plus exactement peut-être, puisque la langue et par suite la versification n'étaient pas accentuelles, l'intensité s'attachait naturellement aux syllabes longues, qui s'imposaient ainsi comme fortes dans le chant et dans la poésie (v. § lo^). Le nombre et la place des sons forts s'y reconnaissent donc en général au nombre et à la place des sons longs : ainsi, la mesure _>jw est simple (Av^vj), et la mesure _ w _ w composée ( ^ ^ _ ^ ). La mesure simple s'appelait ::îJç « pied » : La première de ces deux j'iâssiç ( J- v^ v^ ) est une -^.ivczcc-lx, la seconde ( J. v./ _ ^ ) une o\-zy.x. Toute t^xc; se définit quant au genre par le rapport du son fort avec la somme des autres dans la mesure simple:

-^jKj (dactyle) : vivo; ".~z-i {geniis par^, F : (f ' -f- f ") = i : i .

J.W (trochée) : ^fi-izz c'.-Xdcj'.ov {g. duplex^, F : f=r2 : i

^v.w (péon) : vévî; r^ij.'.iX'.o^, {g. sescuple.i) (r + P-|-f") : F = 3 : 2 (3)

On donne le nom de temps (-/pôvoç, zr^-i.-J.z-t , \}.ipzq, r.zzzz) au son fort aussi

l'aUcnlion des Grecs s'est portée surtout sur le rythme de durée (cp. § g, exemple n). Mais le rythme de leur musique et de leur poésie était certainement intensif: nous percevons le rvthmc intensifia même où il n'existe pas (v. § 56) ; nous le trouvons dans toutes les musiques et toutes les poésies connues, même chez les Ewe du Togo (v. p. 76 note 2 et I'^ Partie, p. m, note i) ; il est indiqué dans la notation grecque par le point suscrit; certaines définitions des anciens semblent bien le constater (v. p. 12, note l\, et cp. : t^ oï -/.ivrJaEojç tâçsi pjOao; ovoua, Platon, Lois^ II, 665 a) ; c'est uniquement sur le rythme intensif que repose la différence entre l'anapeste à~ô Osaîw; ( ^^ w _ ) et l'anapeste à-' apdcw; ( u vj -!- ).

(i) yj est une brève ; _, une longue ; 1 , 1 r, l_l_i, des longues augmentées (napaTîTaYasva'.).

Marins Victorinus (Keil, Grainm. lat., VI, Sg) et d'autres anciens parlent aussi de syllabes plus brèves qu'une brève.

(2) D'après saint Augustin (r/e Mus., p. iSg, éd. Gaume, Paris,. iS36),on ne doit pas mellrc de silence après une brève, parce qu'ainsi on en ferait une longue. Le silence se rattache donc au son précédent ; c'est ce que reconnaissent également les phonéticiens, par exemple M. Gré- goire dans la Parole, 1899 (p. 269 et suiv.). Aussi se serl-on du silence pour prolonger un son quand il est impossible ou difficile de le faire autrement ; c'est à ce moyen qu'ont recours les instruments à percussion et même le piano.

(3) En réalité, il faut voir dans le péon une résolution du crétique, — w _ , qui est luie me- sure composée (3/8 + 2/8) : le genre est scscuple parce que le rapport entre la mesure forte et la mesure faible est 3 : 2.