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CHAPITRE lY LE RYTHME DU CHANT

§ no. La poésie et la musique sont nées et se sont pendant longtemps développées ensemble dans le chant. Elles suivaient alors un seul et même rythme. Chaque langue s'accommodait plus ou moins, suivant sa phonétique, à certains éléments du rythme, dont elle avait elle-même suggéré le choix et la disposition. Ces adaptations constituèrent les formes réglées du lan- gage que nous appelons vers. En se séparant de la musique, les vers acquirent une existence indépendante. Le nombre en augmenta, non seu- lement par diverses modifications des tvpes primordiaux, mais souvent encore par une imitation plus ou moins habile de modèles étrangers. C'est dans le chant, en tout cas, qu'il faut chercher l'origine première des vers, la formation des mètres primitifs, d'où sont dérivés tous les autres. Il est donc indispensable, pour les bien comprendre, d'étudier auparavant le rythme du chant.

A. — LES UMTÉS RYTHMIQUES.

§ III. Le rythme du chant est déterminé par le retour, à intervalles égaux, du temps marqué — en latin ictus ou percussio, en grec (7y;[j,a7'!a, en anglais beat — c'est-à-dire de l'endroit où l'on bat la mesure et que la voix met en relief par un accroissement d'intensité. Le temps marqué est un point indivisible de la durée (i). Le son qui le reçoit s'appelle /b/7, par opposition aux autres sons, ou sons faibles. L'énergie du rythme tient à la différence d'intensité entre le son fort et le son faible ; elle comporte toutes sortes de nuances. Dans notre notation musicale, on met une barre devant le temps marqué (2) ; les Grecs l'indiquaient par un point suscrit

(s-'.Y;j.-^^).

(i) V. Havet, Métrique, 3" éd., § i, p. i. j

(2) La barre a l'inconvénient de sembler indiquer entre les sons une séparation qui n'existe 1 pas en réalité : le rythme est continu. — On ne met pas de barre devant le temps marqué initial <run morceau. Il en résulte des complications factices, par exemple la notation de silences ima- ginaires cpiand le premier son fort est précédé d'un son faible ou de plusieurs.