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LE UÏTilME ARTISTIQUE oS-

liens et les Espagnols, iidus pouvons résister à l'envie de prendre part ii une valse ; mais le rythme de la musique et de la danse ne s'en empaïc pas moins de nous: nous le reproduisons presque toujours en pensée,, nous le marquons souvent du pied, de la main ou de la tête(i). C'est ainsi (|ue nous marquons également, d'ordinaire, le rythme du vers etsurtoutdr la musi([ue, non seulement (|uand nous récitons un poème ou chantons une mélodie, mais encore quand nous l'écoutons (2). Cette puissance du rythme intensil sur l'homme tout entier, corps et àme, est si impérieuse, si brutale même, ([uc souvent beaucoup de musiciens modernes le tempè- rent, rattéiuient, l'eiraccnt, pour nous permettre de nous livrer avec une émotion plus sereine, moins matérielle, aux charmes subtils, délicats el multiples de la mélodie et de l'harmonie. Jamais, piuirtant, il ne disparaît tout à fait: il nous est nécessaire pour régler le mouvement de notre sen- sibilité, et nous le rétablissons subjectivement quand il vient à manquer dans la réalité objective.

Conclusion.

§ 102. 1" Toute excitation, par conséquent, lorsqu'elle n'est pas tout à lait désordonnée à son début, se traduit spontanément par des gestes et (les paroles qui tendent au rythme. 2" Le rythme, d'ailleurs, est d'autant plus nécessaire, dans la voix et le mouvement, qu'on prononce ou qu'oii remue avec plus d'insistance, comme dans le chant, la diction poétique ou la danse (3). 3" Par son énergie, par sa marche croissante ou décroissante, par son tempo et même par son genre, le rythme exprime et communique directement l'intensité, la progression et la rapidité de l émotion, dont les autres qualités sont plutôt rendues par l'intonation et le timbre ou par le choix des muscles contractés, /j" Le rythme renforce par la répétition d'un même cfTct llmpression des paroles et des gestes, aussi bien chez l'audi- teur ou le spectateur que chez le chanteur, le diseur, l'acteur ou le dan- seur ; il entraine avec une puissance irrésistible (4). 5" Il procure par lui- même une sensation de plaisir, grâce à la détente de l'attention, (rui accompagne le retour attendu du temps marqué.

Pour toutes ces raisons, le musicien et le poète, qui d'ailleurs ne font qu'un à l'origine, sont tout naturellement amenés à s'en servir avec une

n'importe quel viii » (-av:o; o'vOj ;jiàÀ).ov [j.zOj'j/.ccj'jav) : aux sons des Ilùtes el des clianls, les convives de Callistrate s'excitent par degrés, crient, battent des mains, sautent à bas de leurs lits, dansent et gambadent en suivant le rytiime de la musique (Mora//a, Didot II, p. 858 et suiv.). Gp. encore ce récit de la Bôaa saga, où nous voyons les gens de la noce bondir de leur siège, irrésistiblement entraînés dans la danse par des airs de plus en plus puissants, tels que b- j'aldafeykir « l'air qui fait envoler les coiffes » (éd. Jiriczeck, Strasbourg, 1893, p. ^5 et .suiv.).

(i) Yrjô Ilirn, /. c, p. 86.

(2) Cp. 1"= Partie, I5 1G9.

(3) V. p. ga, note i.

(4) Sur la puissance du rythme, v. V Partie, § gS.