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LE RÏTHME ARTISTIQUE qS

mcnts, tous à percussion. Le jeu des timbres n'est jamais absent Ju chant, cela va sans dire, mais les répétitions et les oppositions artistiques de pho- nèmes, telles que la rime et l'allitération, n'apparaissent que çà et là comme éléments essentiels du mètre.

!< QQ. L'intensité, la vitesse et la durée des sons, qui expriment et com- muniquent le mouvement correspondant des émotions, exercent sur nous une action tyrannlquc et presque brutale. Non seulement notre sensibilité est contrainte directement de s'y accommoder (i) ; elles se transmettent aussi à toute notre activité morale et physique, provoquant même dans les muscles des mouvements réglés sur elles, et par rdlet en retour de ces modifications de notre activité elles agissent sur notre sensibilité, indirec- tement cette fois, mais dans le même sens et avec une force à laquelle con- courent toutes les énergies de notre être. Cette action n'est pas très sensible dans le lan^ace ordinaire. D'abord, elle varie à chaque instant avec les variations incessantes et multiples d intensité, de vitesse et de durée: ses effets s'y entremêlent dans une confusion plus ou moins grande, s'y contre- carrent même parfois et s'y neutralisent. Ensuite, comme ces variations du son n'v dépassent guère certaines limites, auxquelles nous sommes habi- tués, elles échappent à notre attention consciente ou subconsciente, en même temps qu'elles cessent en grande partie d'agir sur notre sensibilité et notre activité. C'est de la même manière que nous finissons par ne plus percevoir et par ne plus sentir les bruits auxquels nous sommes accoutumés, le tic tac de notre pendule, le roulement dos voitures dans la rue, etc. En présence de cris ou de mouvements désordonnés ou bien encore des accents voilés et lents de la passion contenue, notre attention est à coup sur réveil- lée de cet engourdissement par l'augmentation ou la diminution, soit constante, soit intermittente, de l'intensité, de la rapidité et de la durée <les sons. Mais la confusion dont j'ai parlé subsiste, et il n'en pourra lésulter en général (ju'un trouble plus ou moins profond de noire sen- sibilité.

§ loo. Si au contraire, cette intensité, cette vitesse et cette durée se re- présentent plusieurs fois sous une même forme et à intervalles égaux, c'est-à-dire constituent un rythme, non seulement elles s'imposent à notre attention et exercent ainsi toute leur action, directe et indirecte, sur notre sensibilité; mais en outre cette action répétée se multiplie en raison même de ses répétitions. Les ondes sonores, qui nous enveloppent et nous pénè- trent de toute part, se répandent une à une à travers tout notre être, tou- jours semblables de forme, et communiquent de plus en plus à notre activité

i. c, p. 27^). La méloilic primitive n'emploie que deux, trois ou quatre notes, comprises dans 1111 intervalle de seconde, <lc tierce ou de quarte (t'iracorde). l'our les exemples, v. ci-dessus, p. 80, Fleisciier, Zur vergl.'icli. Liedforscliiiiig, Saminelb. f. d. internat. Musikgcsellschaft, III, jgoi, et T. Norlind, Oin Spràkel och Musiken, Lund, 1902.

(i) « Le rythme et l'accc^nluation expriment directement la vitesse et la vivacité des mouve- ments psyciiiqucs correspondants » (llelmiiollz, Théorie pliys. de la Mus., p. tiii). A'.x t; ol vjOao: /.a: Ta [aeXt; cpwvr, 0J7X rjocdiv k'o'./.Ev... (Aristole, Probl., XIX, 39). «l riï y.tvïja.t; xjiac -zx/.-'.Y.'xl {'.■jvj, a: 5: T.oi-i:; fjîou; aTju-aaia iaTiv {ib., 27).