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aventures

en rangs pressés, ne lançant aucune flèche, — ils n’en prenaient pas le temps, — mais voulant arriver quand même au sommet du Scorzef.

Le colonel Everest faisait le coup de feu à la tête de tout son monde. Ses compagnons, armés comme lui, le secondaient courageusement, sans en excepter Palander, qui maniait sans doute un fusil pour la première fois. Sir John, tantôt sur un roc, tantôt sur un autre, ici agenouillé, là couché, faisait merveilles, et son rifle, échauffé par la rapidité du tir, lui brûlait déjà les mains. Quant au bushman, dans cette lutte sanglante, il était redevenu le chasseur patient, audacieux, sûr de lui-même, que l’on connaît.

Cependant, l’admirable valeur des assiégés, la sûreté de leur tir, la précision de leurs armes, ne pouvaient rien contre le torrent qui montait jusqu’à eux. Un indigène mort, vingt le remplaçaient, et c’était trop pour ces dix-neuf Européens ! Après une demi-heure de combat, le colonel Everest comprit qu’il allait être débordé.

En effet, non seulement sur le flanc sud du Scorzef, mais aussi par ses pentes latérales, le flot des assiégeants gagnait toujours. Les cadavres des uns servaient de marche-pied aux autres. Quelques-uns se faisaient des boucliers avec les morts et montaient en se couvrant ainsi. Tout cela, vu à la lueur rapide et fauve des détonations, était effrayant, sinistre. On sentait bien qu’il n’y avait aucun quartier à attendre de tels ennemis. C’était un assaut de bêtes féroces, que l’assaut de ces pillards altérés de sang, pires que les plus sauvages animaux de la faune africaine ! Certes, ils valaient bien les tigres qui manquent à ce continent !

À dix heures et demie, les premiers indigènes parvenaient au plateau du Scorzef. Les assiégés ne pouvaient pas lutter corps à corps, dans des conditions où leurs armes n’auraient pu servir. Il était donc urgent de chercher un abri derrière l’enceinte. Très heureusement, la petite troupe était encore intacte, les Makololos n’ayant employé ni leurs arcs ni leurs assagaies.

« En retraite ! » cria le colonel d’une voix qui domina le tumulte de la bataille.

Et après une dernière décharge, les assiégés, suivant leur chef, se retirèrent derrière les murailles du fortin.

Des cris formidables accueillirent cette retraite. Et aussitôt, les indigènes se présentèrent devant la brèche centrale, afin de tenter l’escalade.

Mais soudain, un bruit formidable, quelque chose comme un immense déchirement qui s’opérerait dans une décharge électrique et en multiplierait les détonations, se fit entendre. C’était la mitrailleuse, manœuvrée par sir John, qui parlait. Ces vingt-cinq canons, disposés en éventail, couvraient de plomb un secteur de plus de cent pieds à la surface de ce plateau qu’encombraient les indigènes. Les balles, incessamment