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Scène X

FRONTIGNAC, puis ÉVELINA.
Frontignac, seul.

N’importe ! Voilà un petit monsieur qui me déplaît avec ses politesses. (Voyant Évelina qui paraît au fond.) Évelina ! je l’avais oubliée…

Évelina.

Stanislas, vous ne m’aimez plus.

Frontignac.

Plus bas, madame, si l’on vous entendait ; ce salon n’est pas habitué à de semblables confidences.

Évelina.

Ne plaisantons pas, Stanislas, les moments sont précieux. Cette existence de mensonges et de ruses me pèse, me tue ! Il faut en finir hier soir, quand M. Marcandier m’a embrassée, en se couchant, je me suis sentie rougir. Il mettait son bonnet de coton avec une confiance qui m’a touchée. Que vous dirai-je ? Il m’a demandé la cause de mon trouble, j’ai balbutié… Une épreuve encore comme celle-là, et j’avoue que je suis perdue.

Frontignac.

Hein !

Évelina.

Il n’y a qu’un moyen de mettre fin à ce supplice. Fuyons. Allons demander à d’autres cieux le bonheur qui ne nous est pas permis ici.

Frontignac.

Ah ! mais non ! Ah ! mais non !