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nord contre sud.

Vers dix heures, on n’entendait plus à l’extérieur que les sifflements de la rafale. Texar et Squambô dormaient. Les chiens, blottis sous quelque fourré, ne rôdaient même pas autour de l’habitation.

Le moment était favorable.

Tandis que Dy reposait sur la couche d’herbes, Zermah commença à retirer doucement la paille et les roseaux qui s’enchevêtraient dans le mur latéral du wigwam.

Au bout d’une heure, le trou n’était pas encore suffisant pour que la petite fille et elle pussent y trouver passage, et elle allait continuer de l’agrandir, quand un bruit l’arrêta soudain.

Ce bruit se produisait dehors au milieu de l’obscurité profonde. C’étaient les aboiements des limiers qui signalaient quelques allées et venues sur la berge. Texar et Squambô, subitement réveillés, quittèrent précipitamment leur chambre.

Des voix se firent alors entendre. Évidemment, une troupe d’hommes venait d’arriver sur la rive opposée du canal. Zermah dut suspendre sa tentative d’évasion, irréalisable en ce moment.

Bientôt, malgré les grondements de la rafale, il fut facile de distinguer des bruits de pas nombreux sur le sol.

Zermah, l’oreille tendue, écoutait. Que se passait-il ? La providence avait-elle pitié d’elle ? Lui envoyait-elle un secours sur lequel elle ne pouvait plus compter ?

Non, et elle le comprit. N’y aurait-il pas eu lutte entre les arrivants et les gens de Texar, attaque pendant la traversée du canal, cris de part et d’autre, détonations d’armes à feu ? Et rien de tout cela. C’était plutôt un renfort qui venait à l’île Carneral.

Un instant après, Zermah observa que deux personnes rentraient dans le wigwam. L’Espagnol était accompagné d’un autre homme qui ne pouvait être Squambô, puisque la voix de l’Indien se faisait encore entendre au-dehors, du côté du canal.

Deux hommes, cependant, étaient dans la chambre. Ils avaient commencé à causer en baissant la voix, lorsqu’ils s’interrompirent.