Page:Verne - Nord contre sud, Hetzel, 1887.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
nord contre sud.

de révolte parmi les esclaves des autres plantations. N’importe ! La famille Burbank, émue par la grandeur de l’acte, approuva sans réserve ce que son chef venait de faire.

« James, dit Mme Burbank, quoi qu’il puisse arriver, tu as eu raison de répondre ainsi aux odieuses insinuations que ce Texar avait l’infamie de lancer contre toi !

— Nous sommes fiers de vous, mon père ! ajouta miss Alice, en donnant pour la première fois ce nom à M. Burbank.

— Et ainsi, ma chère fille, répondit James Burbank, lorsque Gilbert et les fédéraux entreront en Floride, ils ne trouveront plus un seul esclave à Camdless-Bay !

— Je vous remercie, monsieur Burbank, dit alors Zermah, je vous remercie pour mes compagnons et pour moi. En ce qui me concerne, je ne me suis jamais sentie esclave près de vous. Vos bontés, votre générosité, m’avaient déjà faite aussi libre que je le suis aujourd’hui !

— Tu as raison, Zermah, répondit Mme Burbank. Esclave ou libre, nous ne t’en aimerons pas moins ! »

Zermah eût en vain essayé de cacher son émotion. Elle prit Dy dans ses bras et la pressa sur sa poitrine.

MM. Carrol et Stannard avaient serré la main de James Burbank avec effusion. C’était lui dire qu’ils l’approuvaient et qu’ils applaudissaient à cet acte d’audace — de justice aussi.

Il est bien évident que la famille Burbank, sous cette généreuse impression, oubliait alors ce que la conduite de James Burbank pouvait provoquer de complications dans l’avenir.

Aussi, personne à Camdless-Bay ne songerait-il à blâmer James Burbank, si ce n’est, sans doute, le régisseur Perry, lorsqu’il serait au courant de ce qui venait de se passer. Mais il était en tournée pour le service de la plantation et ne devait rentrer que dans la nuit.

Il était déjà tard. On se sépara, non sans que James Burbank eût annoncé que, dès le lendemain, il remettrait à ses esclaves leur acte d’affranchissement.