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derniers efforts.

Oui ! il était temps d’atteindre la vallée de la Fitz-Roy, d’y trouver les ressources qu’on eût vainement demandées à cette contrée maudite. Un retard de quelques jours, et la plupart de ces pauvres gens n’auraient pas la force d’y arriver.

À la date du 5 avril, il ne restait plus rien des conserves, rien de la viande fournie par le dépeçage des chameaux. Une poignée de graines d’acacias, voilà à quoi Mrs. Branican et ses compagnons étaient réduits.

En effet, Tom Marix hésitait à sacrifier les deux dernières bêtes qui avaient survécu. En songeant au chemin qu’il fallait encore parcourir, il ne pouvait s’y résoudre. Il dut en venir là, pourtant, et dès le soir même, car personne n’avait mangé depuis quinze heures.

Mais au moment de la halte, un des hommes accourut en criant :

« Tom Marix… Tom Marix… les deux chameaux viennent de tomber.

— Essayez de les relever…

— C’est impossible.

— Alors qu’on les tue sans attendre…

— Les tuer ?… répondit l’homme. Mais ils vont mourir, s’ils ne sont morts déjà !

— Morts ! » s’écria Tom Marix.

Et il ne put retenir un geste de désespoir, car, une fois morts, la chair de ces animaux ne serait plus mangeable.

Suivi de Mrs. Branican, de Zach Fren, de Godfrey et de Jos Meritt, Tom Marix se rendit à l’endroit où les deux bêtes venaient de s’abattre.

Là, couchées sur le sol, elles s’agitaient convulsivement, l’écume à la bouche, les membres contractés, la poitrine haletante. Elles allaient mourir, et non de mort naturelle.

« Que leur est-il donc arrivé ? demanda Dolly. Ce n’est pas la fatigue… ce n’est pas l’épuisement…

— Non, répondit Tom Marix, je crains que ce ne soit l’effet de quelque herbe malfaisante !

— Bien !… Oh !… Très bien ! Je sais ce que c’est ! répondit Jos