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les bouches de cattaro.

— Je n’en sais rien ! répondit Sarcany. Silas Toronthal est capable de tout… même de consentir à ce mariage, ne fût-ce que pour tranquilliser sa conscience, s’il s’est refait une conscience depuis quinze ans !… Heureusement, me voilà, prêt à brouiller son jeu, et demain je serai à Raguse !

— Bien ! répondit Namir, qui semblait avoir un certain ascendant sur Sarcany.

— La fille de Silas Toronthal ne sera pas à un autre que moi, Namir, et avec elle je referai ma fortune ! »

Le docteur avait alors entendu tout ce qu’il lui était utile d’entendre. Peu lui importait, maintenant, ce qui pourrait se dire entre l’étrangère et Sarcany.

Un misérable, venant réclamer la fille d’un autre misérable, ayant le droit de s’imposer à lui, c’était Dieu qui intervenait dans une œuvre de justice humaine. Désormais, il n’y avait plus rien à craindre pour Pierre Bathory que ce rival allait écarter. Donc, inutile de le mander à Cattaro, inutile surtout de chercher à s’emparer de l’homme qui prétendait à l’honneur de devenir le gendre de Silas Toronthal !

« Que ces coquins s’allient entre eux et ne fassent qu’une même famille ! se dit le docteur. Ensuite, nous verrons ! »