Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.

81
les bouches de cattaro.

tretenir de leurs affaires, sans risque d’être entendus, si le docteur, enveloppé de son manteau de voyage, n’eût réussi à se mêler au groupe, dont sa présence n’éveilla pas l’attention. Cap Matifou se dissimula de son mieux, mais se tint à portée d’obéir au premier signe.

Sarcany et l’étrangère, par cela seul qu’ils employaient la langue arabe, devaient se croire assurés que personne ne pourrait les comprendre en cet endroit. Ils se trompaient, puisque le docteur était là. Familier avec tous les idiomes de l’Orient et de l’Afrique, il n’allait pas perdre un seul mot de cet entretien.

« Tu as reçu ma dépêche à Syracuse ? dit la Marocaine.

— Oui, Namir, répondit Sarcany, et je suis parti dès le lendemain avec Zirone.

— Où est Zirone ?

— Aux environs de Catane, où il organise sa nouvelle bande.

— Il faut que demain tu sois à Raguse, Sarcany, et que tu aies vu Silas Toronthal !

— J’y serai et je l’aurai vu ! Ainsi, tu ne t’es pas trompée, Namir ? Il était temps d’arriver ?…

— Oui ! La fille du banquier…

— La fille du banquier ! répéta Sarcany d’un ton