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mathias sandorf.

dépend du couvent des Franciscains, situé presque à l’entrée du Stradone. Elle ne connaissait donc point la fille de l’ancien banquier de Trieste.

Il fallut que Pierre la lui dépeignît moralement et physiquement, qu’il lui dît où il l’avait vue pour la première fois, comment il ne pouvait douter que son amour fût partagé. Et tous ces détails, il les donna avec une ardeur que Mme Bathory ne fut point surprise de trouver en l’âme tendre et passionnée de son fils.

Mais, lorsque Pierre lui apprit quelle était la situation de la famille Toronthal, lorsqu’elle sut que cette jeune fille serait une des plus riches héritières de Raguse, elle ne put dissimuler ses inquiétudes. Le banquier consentirait-il jamais à ce que son unique enfant devînt la femme d’un jeune homme sans fortune, sinon sans avenir ?

Toutefois, Pierre ne trouva pas nécessaire d’insister sur la froideur, sur le dédain même, avec lequel Silas Toronthal l’avait jusqu’alors accueilli. Il se contenta de répéter les paroles du docteur. Celui-ci lui avait affirmé qu’il pouvait, qu’il devait avoir confiance en l’ami de son père, qu’il se sentait pour lui une affection quasi paternelle, — ce dont Mme Bathory ne pouvait douter, sachant ce qu’il avait déjà voulu faire pour elle et les siens !