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divers incidents.

vivant de son père, tel que le noble Hongrois avait dû être à l’âge de vingt-deux ans : même énergie dans les yeux, même noblesse d’attitude, même regard, prompt à s’enthousiasmer pour le bien, le vrai, le beau.

« Monsieur, Bathory, dit le docteur en se levant, je suis très heureux que vous ayez bien voulu vous rendre à l’invitation que contenait ma lettre. »

Et, sur un geste qui lui fut fait, Pierre Bathory s’assit à l’autre angle du salon.

Le docteur, en parlant, avait employé cette langue hongroise, qu’il savait être celle du jeune homme.

« Monsieur, dit Pierre Bathory, je serais venu vous rendre la visite que vous avez faite à ma mère, quand bien même je n’aurais pas été invité à me rendre à votre bord. Je sais que vous êtes l’un de ces amis inconnus, auxquels est chère la mémoire de mon père et des deux patriotes qui sont morts avec lui !… Je vous remercie de leur avoir conservé une place dans votre souvenir ! »

En évoquant ce passé, si lointain déjà, en parlant de son père, de ses amis le comte Mathias Sandorf et Ladislas Zathmar, Pierre ne put cacher son émotion.

« Je vous demande pardon, monsieur ! dit-il. En me rappelant ce qu’ils ont fait, je ne puis… »