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mathias sandorf.

Bathory la franchit assez rapidement, mais il ne distança pas l’étrangère.

Au dehors de la poterne, elle le retrouva sur la route de Gravosa, et, à vingt pas derrière lui, descendit l’avenue par la contre-allée plantée d’arbres.

Au même moment Silas Toronthal, en voiture découverte, revenait à Raguse. Il fallait donc nécessairement qu’il se croisât avec Pierre Bathory sur la route.

En les voyant tous deux, la Marocaine s’arrêta un instant. Peut-être pensa-t-elle que l’un allait aborder l’autre. Alors son regard s’alluma et elle chercha à se dissimuler derrière un gros arbre. Mais, si ces deux hommes se parlaient, comment pourrait-elle les entendre ?

Il n’en fut rien. Silas Toronthal avait aperçu Pierre, une vingtaine de pas avant d’arriver en face de lui. Cette fois, il ne lui répondit même pas par ce salut hautain, dont il n’avait pas pu se dispenser sur le quai de Gravosa, lorsque sa fille l’accompagnait. Il détourna la tête, au moment où le jeune homme soulevait son chapeau, et sa voiture l’emporta rapidement vers Raguse.

L’étrangère n’avait rien perdu de cette scène : une sorte de sourire anima sa face impassible.

Quant à Pierre Bathory, évidemment plus attristé