Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

21
la veuve d’étienne bathory.

En parlant ainsi, le docteur s’était levé, et un indice d’émotion apparaissait sous sa froideur habituelle.

Mme Bathory n’avait rien répondu. Elle attendait, ne sachant si le docteur avait achevé son récit ou s’il allait le continuer, en rapportant des faits qui lui étaient absolument personnels, et à propos desquels elle lui avait demandé cette entrevue.

« Cependant, madame, reprit le docteur qui comprit sa pensée, sans doute les forces humaines ont des bornes, et, déjà malade, épuisée par tant d’épreuves, peut-être eussiez-vous succombé à la tâche, si un inconnu, non ! un ami du professeur Bathory ne fût venu à votre aide. Jamais je ne vous aurais parlé de cela, si votre vieux serviteur ne m’avait fait connaître le désir que vous aviez de me voir…

— En effet, monsieur, répondit Mme Bathory. N’ai-je donc pas à remercier le docteur Antékirtt ?…

— Et pourquoi, madame ? Parce que, il y a cinq ou six ans, en souvenir de l’amitié qui le liait au comte Sandorf et à ses deux compagnons, et pour vous aider dans votre œuvre, le docteur Antékirtt vous a fait adresser une somme de cent mille florins ? N’était-il pas trop heureux de pouvoir mettre cet argent à votre disposition ? Non, ma-