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mathias sandorf.

teurs d’Andréa Ferrato ? Vous permettez, Maria, que Luigi ne se sépare plus de nous ?

— Messieurs, répondit Maria, mon frère n’a fait que ce qu’il devait, cette nuit, en se portant à votre secours, et je remercie le ciel de lui avoir inspiré cette pensée. Il est le fils d’un homme qui n’a jamais connu qu’une chose, son devoir.

— Et nous n’en connaissons qu’une, nous aussi, répondit le docteur, c’est notre droit de payer une dette de reconnaissance aux enfants de celui que… »

Il s’arrêta. Maria le regardait de nouveau, et ce regard le pénétrait tout entier. Il craignait d’en avoir trop dit.

« Maria, reprit alors Pierre Bathory, vous ne voudriez pas empêcher Luigi d’être mon frère ?…

— Et vous ne refuseriez pas d’être ma fille ? » ajouta le docteur en lui tendant la main.

Il fallut alors que Maria racontât sa vie depuis le départ de Rovigno, comment l’espionnage des agents de l’Autriche lui rendait l’existence insupportable, là, pourquoi elle avait eu l’idée de venir à Malte, où Luigi devait trouver à se perfectionner dans le métier de marin en continuant son métier de pêcheur, puis ce qu’avaient été ces longues années, pendant lesquelles tous deux durent lutter