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sur les parages de malte.

jamais fait ses classes, comme il le disait, qu’au « Lycée des Carpes de Fontainebleau ». Aussi, assidu à la bibliothèque d’Artenak, il cherchait à s’instruire, il lisait, il piochait, tandis que Cap Matifou, avec l’autorisation du docteur, remuait les sables et les roches du littoral pour y former un petit port de poche.

Du reste Pierre Bathory encourageait fort Pointe Pescade, dont il avait reconnu l’intelligence peu ordinaire, à laquelle il ne manquait que la culture. Il s’était fait son professeur, il le dirigeait de façon à lui donner une instruction primaire très complète, et l’élève faisait de rapides progrès. Il y avait aussi d’autres raisons pour que Pierre se fût attaché plus intimement Pointe Pescade. Celui-ci n’était-il pas au courant de son passé ? N’avait-il pas eu pour mission de surveiller l’hôtel Toronthal ? N’était-il pas là, dans le Stradone, sur le passage de son convoi, lorsque Sava avait été emportée sans connaissance ? Plus d’une fois, Pointe Pescade avait dû faire le récit de ces douloureux événements, auxquels il avait pris une part indirecte. C’était donc à lui seul que Pierre pouvait en parler et qu’il en parlait, lorsqu’il ne pouvait plus contenir le trop plein de son cœur. De là, un lien plus étroit, bien fait pour les unir l’un à l’autre.