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mathias sandorf.

blissement de Pierre, — ce qui ne pouvait plus tarder.

Quant à Sava, Pierre s’était condamné à ne jamais parler d’elle au docteur Antékirtt. Mais bien qu’il dût penser qu’elle était maintenant la femme de Sarcany, comment aurait-il pu l’oublier ? Est-ce qu’il avait cessé de l’aimer, quoiqu’elle fût pour lui la fille de Silas Toronthal ? Non ! Après tout, Sava était-elle donc responsable du crime de son père ? Et cependant c’était ce crime qui avait conduit Étienne Bathory à la mort ! De là, un combat qui se livrait en lui, dont Pierre seul eût pu dire quelles étaient les phases terribles et incessantes.

Le docteur sentait cela. Aussi, pour donner un autre cours aux pensées du jeune homme, ne cessait-il de lui rappeler l’acte de justice auquel ils devaient concourir ensemble. Il fallait que les traîtres fussent punis, et ils le seraient. Comment arriverait-on jusqu’à eux, rien n’était décidé encore, mais on y arriverait.

« Mille chemins, un but ! » répétait le docteur.

Et s’il le fallait, il suivrait ces mille chemins pour l’atteindre.

Pendant les derniers jours de sa convalescence, Pierre put se promener dans l’île et la visiter, soit à pied, soit en voiture. En vérité, qui ne se fût