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ce qui se passait à raguse.

son impudence, il n’oserait me démentir ! Cependant, puisqu’il me rappelle que j’avais consenti à ce mariage, ma réponse sera facile ! Oui ! j’ai dû me sacrifier, quand j’ai pu croire que l’honneur de mon père était en jeu dans cette question ; mais mon père, vous le savez bien, ne peut être mêlé à cet odieux compromis ! Si donc vous désirez enrichir monsieur Sarcany, donnez-lui votre fortune !… C’est tout ce qu’il demande ! »

La jeune fille s’était levée, et, à son tour, elle se dirigeait vers la porte.

« Sava, s’écria alors Silas Toronthal, qui alla se placer devant elle, il y a dans tes paroles… une telle incohérence que je ne les comprends pas… que, sans doute, tu ne les comprends pas toi-même !… Je me demande si la mort de ta mère…

— Ma mère… oui ! c’était ma mère… ma mère par le cœur ! murmura la jeune fille.

— … si la douleur n’a pas ébranlé ta raison, continua Silas Toronthal qui n’entendait plus que lui-même. Oui ! si tu n’es pas folle…

— Folle !

— Mais ce que j’ai résolu s’accomplira, et, avant six mois, tu seras la femme de Sarcany.

— Jamais !

— Je saurai bien t’y contraindre !