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mathias sandorf.

— Oui !… une affaire ! répondit Sava d’un ton de mépris.

— Croyez bien, mademoiselle… crut devoir dire Sarcany, que ce mot prononcé avec le plus blessant dédain visait directement, veuillez croire qu’un sentiment plus honorable… »

Sava n’eut pas même l’air de l’entendre et ne cessa de regarder le banquier, qui lui disait d’une voix irritée :

« Non, pas seule… puisque la mort de ta mère n’a rien pu changer à nos projets !

— Quels projets ? demanda la jeune fille.

— Ce projet d’union que tu feins d’oublier et qui doit faire mon gendre de monsieur Sarcany !

— Êtes-vous bien sûr que ce mariage fera de monsieur Sarcany votre gendre ? »

L’insinuation était si directe, cette fois, que Silas Toronthal se leva pour sortir, tant il avait besoin de cacher son trouble. Mais Sarcany le retint d’un geste. Lui voulait aller jusqu’au bout, il voulait absolument savoir à quoi s’en tenir.

« Écoutez-moi, mon père, car c’est pour la dernière fois que je vous donne ce nom, dit alors la jeune fille. Ce n’est pas pour moi que monsieur Sarcany prétend m’épouser, c’est pour cette fortune dont je ne veux plus aujourd’hui ! Quelle que soit