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ce qui se passait à raguse.

Évidemment ces deux personnages se comprenaient. Toutefois, en se rendant à cette raison, Sarcany ne cessait de manifester une irritation qui amenait parfois des scènes d’une extrême violence.

Tous deux, au surplus, n’avaient pas cessé d’être inquiets depuis la démarche incompréhensible, faite par Mme Toronthal la veille de sa mort. Et même, la pensée vint à Sarcany que la mourante avait pu vouloir mettre à la poste une lettre dont elle tenait à cacher la destination.

Le banquier, auquel Sarcany communiqua cette idée, ne fut pas éloigné de croire qu’il en était ainsi.

« Si cela est, répétait Sarcany, cette lettre nous menace directement et gravement. Votre femme a toujours soutenu Sava contre moi, elle soutenait même mon rival, et qui sait si, au moment de mourir, elle n’a pas retrouvé une énergie dont on ne la croyait pas capable pour trahir nos secrets ! Dans ce cas, ne devrions-nous pas prendre les devants et quitter une ville où, vous et moi, nous avons plus à perdre qu’à gagner ?

— Si cette lettre nous menaçait, lui fit observer Silas Toronthal, quelques jours plus tard, la menace aurait déjà produit son effet, et, jusqu’ici, rien n’est changé à notre situation ! »