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mathias sandorf.

que compte tout homme riche entoura le banquier. Près de lui marchait Sarcany, affirmant ainsi par sa présence que rien n’était changé aux projets qui devaient le faire entrer dans la famille Toronthal. C’était, en effet, son espoir ; mais s’il devait jamais se réaliser, ce ne serait pas sans qu’il eût surmonté bien des obstacles encore. Sarcany pensait, d’ailleurs, que les circonstances ne pouvaient qu’être favorables à l’accomplissement de ses projets, puisqu’elles laissaient plus complètement Sava à sa merci.

Cependant le retard, provoqué par la maladie de Mme Toronthal, allait être prolongé par sa mort. Pendant le deuil de la famille, il ne pouvait être question de mariage. Les convenances exigeaient que plusieurs mois, au moins, se fussent écoulés depuis le décès.

Cela, sans doute, dut vivement contrarier Sarcany, pressé d’arriver à ses fins. Quoi qu’il en eût, force lui fut de respecter les usages, mais non sans que de vives explications eussent été échangées entre Silas Toronthal et lui. Et ces discussions se terminaient toujours par cette phrase que répétait le banquier :

« Je n’y puis rien, et d’ailleurs, pourvu que le mariage soit fait avant cinq mois, vous n’avez aucune raison d’être inquiet ! »