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le passé et le présent.

qui n’avait guère l’occasion d’exercer son mandat. Puis, sur des plans envoyés par le docteur dans les meilleurs chantiers de l’Angleterre, de la France ou de l’Amérique, on avait construit cette flottille merveilleuse, steamers, steam-yachts, goélettes ou « Électrics », destinée aux rapides excursions dans le bassin de la Méditerranée. En même temps, des fortifications commencèrent à s’élever sur Antékirtta ; mais elles n’étaient pas encore achevées, bien que le docteur pressât ces travaux, non sans de sérieuses raisons.

Antékirtta avait-elle donc quelque ennemi à craindre dans les parages de ce golfe de la Sidre ? Oui ! Une secte redoutable, à vrai dire une association de pirates, n’avait pas vu sans envie et sans haine un étranger fonder cette colonie dans le voisinage du littoral libyen.

Cette secte, c’était la Confrérie musulmane de Sidi-Mohammed Ben’Ali-Es-Senoûsi. En cette année (1300 de l’hégire), elle se faisait plus menaçante que jamais, et déjà son domaine géographique comptait près de trois millions d’adhérents. Ses zaouiyas, ses vilâyets, centres d’action répandus en Égypte, dans l’Empire Ottoman d’Europe et d’Asie, dans le pays des Baêlé et des Toubou, dans la Nigritie orientale, en Tunisie, en Algérie, au Maroc,