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le passé et le présent.

recevoir que le prix qui me paraissait dû. Puis, je quittai Homs.

« Trois ans plus tard, à la suite d’un accident de chasse, Faz-Rhât perdait la vie. Sans parents, sans descendants directs, son testament me faisait l’unique héritier de tous ses biens, dont la valeur représentative ne pouvait être estimée à moins de cinquante millions de florins[1].

« Il y avait treize ans alors que le fugitif de Pisino s’était réfugié dans ces provinces de l’Asie Mineure. Le nom du docteur Antékirtt, déjà devenu quelque peu légendaire, courait à travers toute l’Europe. J’avais donc obtenu le résultat que je voulais. Restait à atteindre maintenant ce qui était l’unique but de ma vie.

« J’avais résolu de revenir en Europe, ou tout au moins sur quelque point de la Méditerranée, vers son extrême limite. Je visitai le littoral africain, et, en la payant d’un haut prix, je me rendis acquéreur d’une île importante, riche, fertile, pouvant subvenir matériellement aux besoins d’une petite colonie, l’île Antékirtta. C’est ici, Pierre, que je suis souverain, maître absolu, roi sans sujets, mais avec un personnel qui m’est dévoué corps et âme, avec des moyens de défense qui seront redoutables quand je

  1. Environ 125 millions de francs.