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une rencontre dans le stradone.

yeux, presque hagards, tantôt se portaient de côté, tantôt plongeaient jusque sous le drap mortuaire, qui recouvrait le corps de son fils.

Le vieux Borik se traînait près d’elle, à faire pitié.

Pointe Pescade sentit les larmes lui venir aux yeux. Oui ! S’il n’avait pas eu le devoir de rester à son poste, le brave garçon n’eût pas hésité à se joindre aux quelques amis, aux quelques voisins, qui suivaient le convoi de Pierre Bathory.

Soudain, au moment où ce convoi allait passer devant l’hôtel Toronthal, la grande porte s’ouvrit. Dans la cour, devant le perron, deux voitures étaient prêtes à sortir.

La première franchit la porte et tourna de manière à redescendre le Stradone.

Dans cette voiture, Pointe Pescade aperçut Silas Toronthal, sa femme et sa fille.

Mme Toronthal, brisée par la douleur, était placée près de Sava, plus pâle que son voile nuptial.

Sarcany, accompagné de quelques parents ou amis, occupait la seconde voiture.

Pas plus d’apparat pour ce mariage qu’il n’y en avait pour cet enterrement. Des deux côtés, même tristesse, — effrayante.

Tout à coup, au moment où la première voiture tournait la porte, on entendit un cri déchirant.