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mathias sandorf.

mittent de sa poitrine, il sonda sa blessure, il lui mit le premier appareil, il lui donna tous les secours de son art, mais il ne conservait aucun espoir.

Quinze heures après, l’état du jeune homme s’était encore aggravé par suite d’une hémorragie très considérable, et sa respiration, à peine sensible, menaçait de s’éteindre dans un dernier soupir.

Mme Bathory était tombée à genoux, priant Dieu de lui conserver son fils !

En ce moment, la porte de la chambre s’ouvrit… Le docteur Antékirtt apparut et s’avança vers le lit du mourant.

Mme Bathory allait s’élancer vers lui : il la retint d’un geste.

Alors le docteur se pencha sur Pierre et l’examina avec attention, sans prononcer une seule parole. Puis, il le regarda avec une irrésistible fixité. Comme s’il se fût dégagé de ses yeux une puissance magnétique, il semblait faire pénétrer dans ce cerveau où la pensée allait s’éteindre, sa propre vie avec sa propre volonté.

Soudain, Pierre se redressa à demi. Ses paupières se soulevèrent, il regarda le docteur… Il retomba inanimé.

Mme Bathory se précipita sur son fils, jeta un cri et s’évanouit dans les bras du vieux Borik.