Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.

105
complications.

Six jours s’écoulèrent. Pierre, malgré les supplications de sa mère, malgré les prières de Borik, quitta la maison de la rue Marinella dans la soirée du 4 juillet. Le vieux serviteur voulut essayer de le suivre, mais il eut bientôt perdu ses traces. Pierre allait à l’aventure, comme s’il eût été fou, à travers les rues les plus désertes de la ville, le long des murailles de Raguse.

Une heure après, on le rapportait, mourant, dans la maison de Mme Bathory. Un coup de poignard lui avait traversé la partie supérieure du poumon gauche.

Il n’y avait pas de doute possible : Pierre, arrivé au paroxysme du désespoir, s’était frappé lui-même !

Pointe Pescade, dès qu’il eut appris ce malheur, se hâta de courir au bureau du télégraphe.

Une heure après, le docteur Antékirtt recevait à Cattaro la nouvelle du suicide du jeune homme.

Il serait difficile de peindre la douleur de Mme Bathory, lorsqu’elle se retrouva devant son fils, qui n’avait peut-être plus que quelques heures à vivre. Mais l’énergie de la mère se raidit contre les faiblesses de la femme. Avant tout, des soins. Des pleurs, plus tard.

Un médecin fut mandé. Il arriva aussitôt, il visita le blessé, il écouta le souffle faible et inter-