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III

GREAT-EYRY.


Le lendemain, dès l’aube, Élias Smith et moi, nous quittions Morganton par la route qui, en longeant la rive gauche de la Sarawba-River, conduit à la bourgade de Pleasant-Garden.

Les guides nous accompagnaient, — Harry Horn, âgé de trente ans, James Bruck, âgé de vingt-cinq ans, tous deux habitants de la bourgade, au service des touristes qui désiraient visiter les principaux sites des Montagnes-Bleues et du Cumberland, formant la double chaîne des Alleghanys. Intrépides ascensionnistes, vigoureux de bras et de jambes, adroits et expérimentés, ils connaissaient bien cette partie du district jusqu’au pied de la chaîne.

Une voiture attelée de deux bons chevaux devait nous transporter jusqu’à la limite occidentale de l’État. Elle ne contenait des vivres que pour deux ou trois jours, notre campagne ne devant sans doute pas se prolonger au delà de ce délai. Il n’y avait eu qu’à s’en remettre à M. Smith pour le choix des victuailles, conserves de bœuf en daube, tranches de jambon, un gigot de chevreuil cuit à point, un tonnelet de bière, plusieurs fioles de wisky et de brandevin, du pain en quantité suffisante. Quant à l’eau fraîche, les sources de la montagne la fourniraient en abondance, alimentées par les pluies torrentielles qui ne sont point rares à cette époque de l’année.

Inutile d’ajouter que le maire de Morganton, en sa qualité de