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maître du monde

En ce moment, tous trois étant dans cette grotte, à l’extrémité nord de l’ovale, c’est par l’extrémité sud que je commençai mon inspection.

Arrivé près de la muraille, j’en longeai la base creusée de nombreuses anfractuosités. Au-dessus se dressait la paroi lisse de ces roches de feldspath dont est formée la chaîne des Alleghanys. À quelle hauteur montait cette paroi, quelle disposition affectait son arête supérieure, impossibilité de le voir encore, et il fallait attendre que la brume se fût dissipée soit sous la brise, soit sous l’action des rayons solaires.

Entre-temps, je continuais à suivre le contour du massif, dont les cavités n’étaient éclairées que par leur orifice. Divers débris gisaient à l’intérieur, des morceaux de bois, des amas d’herbes sèches. Au dedans se voyaient encore les empreintes de pas que le capitaine et ses compagnons avaient laissées sur le sable.

Du reste, ils ne se montraient pas, très occupés sans doute dans cette grotte, devant laquelle étaient déposés plusieurs ballots. Ces ballots, devaient-ils les transporter à bord de l’Épouvante, et procédaient-ils à une sorte de déménagement en vue de définitivement quitter cette retraite ?…

Le tour achevé, en une demi-heure, je revins vers le centre. Çà et là, s’entassaient de larges couches de cendres refroidies, blanchies par le temps, des restes de poutres et de planches calcinées, des montants auxquels adhéraient encore leurs ferrures, des armatures métalliques tordues au feu, débris d’un mécanisme détruit par incinération.

Assurément, à une époque plus ou moins récente, ce cirque avait été le théâtre d’un incendie, volontaire ou accidentel… Et comment ne pas faire un rapprochement entre cet incendie et les phénomènes observés au Great-Eyry, ces flammes apparaissant au-dessus de l’enceinte, ces bruits qui traversaient les airs, et dont s’étaient tant effrayés les habitants du district, ceux de