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Sous le fouet du coachman le break roulait rapidement, le long du littoral de l’Érié, et se dirigeait vers sa pointe sud-ouest. Cette vaste plaine liquide est située entre le territoire canadien, au nord, et les États de l’Ohio, de la Pennsylvanie et de New York. Si j’indique la disposition géographique de ce lac, sa profondeur, son étendue, les cours d’eau qui l’alimentent, les canaux par lesquels s’épanche son trop plein, ce n’est point inutile pour le récit qui va suivre.

La superficie de l’Érié n’est pas inférieure à vingt-quatre mille sept cent soixante-huit kilomètres carrés. Son altitude le place à près de six cents pieds au-dessus du niveau de la mer. Il est en communication par le nord-ouest avec le lac Huron, le lac Saint-Clair et la rivière Detroit, qui lui envoient leurs eaux, et il reçoit des affluents de moindre importance, tels le Rocky, le Guyahoga, le Black. Quant à son déversement, il s’effectue au nord-est dans le lac Ontario, entre les rives du Niagara aux célèbres chutes.

La plus grande profondeur que la sonde ait déterminée dans l’Érié se chiffre par cent trente-cinq pieds. On voit combien est considérable la masse de ses eaux. En somme, c’est ici, et par excellence, la région de ces magnifiques lacs qui se succèdent entre le territoire canadien et les États-Unis d’Amérique.

Dans cette région, bien que située sous le quarantième degré de latitude, le climat est très froid l’hiver, et les courants des régions arctiques, que nul obstacle n’arrête, s’y précipitent avec une extrême violence. On ne s’étonnera donc pas que l’Érié soit entièrement gelé à sa surface pendant la période du mois de novembre au mois d’avril de chaque année[1].

Quant aux principales villes que possèdent les rives de ce grand lac, les voici : Buffalo, qui appartient à l’État de New-

  1. Au 12 avril 1867, l’auteur se trouvait à Buffalo, alors que l’Érié était pris sur toute son étendue. J.V.