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de dollars avaient échoué, il fallait recourir à la force… L’inventeur et son invention n’étaient pas à acheter, et on sait en quels termes hautains et menaçants il exprimait son refus !… Soit ! il serait considéré comme un malfaiteur contre lequel tous les moyens deviendraient légitimes, qui le mettraient hors d’état de nuire !… La sécurité non seulement en Amérique, mais dans le monde entier l’exigeait… L’hypothèse qu’il eût péri dans quelque catastrophe ne pouvait même plus être admise, depuis sa fameuse lettre du 15 juillet dernier… Il était vivant, bien vivant, et sa vie constituait un danger public, un danger de tous les instants !…

Sous l’influence de ces idées, le gouvernement fit paraître la note suivante :

« Puisque le commandant de l’Épouvante se refuse à traiter de la cession de son secret, même au prix de ces millions qui lui sont offerts, puisque l’emploi qu’il fait de sa machine constitue un péril contre lequel il est impossible de se prémunir, ledit commandant est mis hors la loi. Sont approuvées d’avance toutes mesures qui auront pour résultat de détruire son appareil et lui. »

C’était la guerre déclarée, la guerre à outrance contre ce Maître du Monde, qui se croyait de force à braver toute une nation, la nation américaine !

À partir de ce jour, des primes considérables furent assurées à quiconque découvrirait la retraite de ce dangereux personnage, à quiconque parviendrait à s’emparer de sa personne, à quiconque en débarrasserait le pays.

Telle était la situation pendant la dernière quinzaine de juillet. Or, à bien y réfléchir, que conclure si ce n’est que seul le hasard pourrait la dénouer ? Ne fallait-il pas, tout d’abord, que ce « hors-la-loi » reparût quelque part, qu’il fût aperçu et signalé, que les circonstances se prêtassent à son arrestation ?… Ce n’est pas