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ressemblance d’écriture entre cette lettre et celle qui m’était venue de Morganton ?…

Et puis — coïncidence plus significative encore, — les initiales qui lui servaient de signature, ces majuscules n’étaient-elles pas celles des trois mots « Maître du Monde » ?… Et où fut écrite cette lettre ?… À bord de l’Épouvante… Et ce nom, c’était celui du triple appareil commandé par cet énigmatique capitaine !…

Ainsi elles étaient de sa main, ces lignes, comme celles de la première lettre, qui me menaçaient si j’osais renouveler ma tentative au Great-Eyry !…

Je me levai, je pris dans mon bureau la lettre du 13 juin, je la comparai avec le fac-similé du journal… Aucune hésitation possible ! Même écriture si singulière, et due à la même main !

Et alors, mon cerveau travaillant, je cherchai à établir les conséquences de ce rapprochement connu de moi seul, de cette identité de l’écriture des deux lettres, dont l’auteur ne pouvait être que le commandant de cette Épouvante, — terrible nom qui n’était que trop justifié !…

Et alors, je me demandais si cette coïncidence permettrait de reprendre les recherches dans des conditions moins incertaines ?… Pourrions-nous lancer nos agents sur une piste plus sérieuse qui les conduirait au but ?… Enfin, quelle relation existait-il entre l’Épouvante et le Great-Eyry, quels rapports entre les phénomènes des Montagnes-Bleues et les non moins phénoménales apparitions du fantastique appareil ?…

Je fis ce qu’il y avait à faire, et, la lettre dans ma poche, je me rendis à l’Hôtel de la police.

Je demandai si M. Ward se trouvait à son cabinet. Réponse affirmative m’ayant été faite, je me précipitai vers la porte, j’y frappai peut-être un peu plus fort qu’il n’eût convenu, et, sur le mot « entrez ! », je bondis tout haletant devant le bureau.