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LES PRÉCURSEURS DU CAPITAINE COOK.

laient une odeur insupportable, comparable à celle des renards, et qui provenait, sans doute, de leur excessive malpropreté.

Pour n’être pas engageant, ce tableau n’en est pas moins d’une ressemblance frappante, comme tous les voyageurs ont pu le constater. Il semble, pour ces sauvages si voisins de la brute, que le monde n’ait pas marché. Les progrès de la civilisation sont pour eux lettre morte, et ils continuent à végéter misérablement comme leurs pères, sans souci d’améliorer leur existence, sans éprouver le besoin d’un plus grand confortable.

« Nous quittâmes ainsi, dit Wallis, cette sauvage et inhabitable région, où, pendant près de quatre mois, nous fûmes presque sans cesse en danger de faire naufrage, où, au milieu de l’été, le temps était nébuleux, froid et orageux, où presque partout les vallées étaient sans verdure et les montagnes sans bois, enfin, où la terre qui se présente à la vue ressemble plus aux ruines d’un monde qu’à l’habitation d’êtres animés. »

À peine hors du détroit, Wallis fit route à l’ouest avec des vents impétueux, des brouillards intenses et une si grosse mer, que, pendant plusieurs semaines de suite, il n’y eut pas un seul endroit sec sur le vaisseau. Cette humidité constante engendra des rhumes et de grosses fièvres, auxquelles succéda bientôt le scorbut. Lorsqu’il eut atteint 32° de latitude sud et 100° de longitude ouest, le navigateur piqua droit au nord.

Le 6 juin, deux îles furent découvertes à la joie générale. Les canots, aussitôt armés et équipés, gagnèrent le rivage sous la conduite du lieutenant Furneaux.

Quelques cocos et une grande quantité de plantes antiscorbutiques furent recueillis ; mais les Anglais, s’ils virent des huttes et des hangars, ne rencontrèrent pas un seul habitant. Cette île, découverte la veille de la Pentecôte, dont elle prit le nom — Whitsunday — et située par 19° 26′ de latitude S. et 137° 56′ de longitude O, appartient, comme les suivantes, à l’archipel des Pomotou.

Le lendemain, les Anglais essayèrent d’entrer en relations avec les habitants d’une autre île ; mais les dispositions des indigènes parurent si hostiles, le rivage était tellement accore, qu’il fut impossible de débarquer. Après avoir louvoyé toute la nuit, Wallis renvoya les embarcations, avec ordre de ne faire aucun mal aux habitants, à moins d’y être forcé par la nécessité.

En approchant de la terre, le lieutenant Furneaux fut surpris de voir sept grandes pirogues à deux mâts, dans lesquelles tous les indigènes allaient s’embarquer. Aussitôt après leur départ, les Anglais descendirent sur la plage et parcoururent l’île en tous sens. Ils y trouvèrent plusieurs citernes remplies de