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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

tique. Ces détails sont complétés par quelques observations, recueillies trop rapidement pour être bien exactes, sur les mœurs et les variétés de race des Cochinchinois.

Les navires remirent à la voile, dès que les malades eurent recouvré la santé et que les provisions eurent été renouvelées. Après une relâche aux îles des Larrons, l’escadre pénétra dans le détroit de Formose, où elle fut assaillie par de gros temps, et entra dans le port de Chusan. On profita de cette relâche pour corriger la carte de cet archipel et visiter la ville de Ting-Haï, où les Anglais excitèrent autant de curiosité qu’ils en éprouvaient à voir tant de choses nouvelles pour eux.

Les maisons, les marchés, les vêtements des Chinois, la petitesse des pieds de leurs femmes, toutes choses que nous connaissons maintenant, excitaient au plus haut point l’intérêt des étrangers. Nous nous arrêterons cependant sur les procédés employés par les Chinois pour la culture des arbres nains.

« Cette espèce de végétation rabougrie, dit Macartney, semble être très estimée des curieux en Chine, car on en trouve des exemples dans toutes les maisons considérables. Une partie du talent du jardinier consiste à savoir la produire, et c’est un art inventé à la Chine. Indépendamment du mérite de vaincre une difficulté, on a, grâce à cet art, l’avantage d’introduire dans des appartements ordinaires des végétaux qu’autrement leur grandeur naturelle ne permettrait pas d’y faire entrer.

« La méthode qu’on emploie à la Chine pour produire les arbres nains est telle que nous allons la rapporter. Quand on a choisi l’arbre dont on veut tirer un nain, on met sur son tronc, et le plus près possible de l’endroit où il se divise en branches, une certaine quantité d’argile ou de terreau, qu’on contient avec une enveloppe de toile de chanvre ou de coton, et qu’on a soin d’arroser souvent pour y entretenir l’humidité. Ce terreau reste là quelquefois toute une année, et, pendant tout ce temps, le bois qu’il couvre jette de tendres fibres qui ressemblent à des racines. Alors, la partie du tronc d’où sortent ces fibres, et la branche qui se trouve immédiatement au-dessus, sont avec précaution séparés du reste de l’arbre et plantés dans une terre nouvelle où les fibres deviennent bientôt de véritables racines, tandis que la branche forme la tige d’un végétal, qui se trouve en quelque sorte métamorphosé. Cette opération ne détruit ni n’altère la faculté productive dont jouissait la branche avant d’être enlevée du tronc paternel. Ainsi, lorsqu’elle portait des fleurs ou des fruits, elle continue à s’en couvrir quoiqu’elle ne soit plus sur sa première tige. On arrache toujours les bourgeons des extrémités des branches qu’on destine à devenir des arbres nains,