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LES EXPLORATEURS DE L'AFRIQUE.

tous les jours plus nombreux, et c’est ainsi que W. G. Browne, à l’exemple de tant d’autres, voulut connaître la terre des Pharaons.

Son ouvrage nous offre en même temps, et le tableau des monuments et des ruines qui rendent ce pays si intéressant, et la peinture des mœurs des peuples qui l’habitent. La partie absolument neuve est celle qui a trait au Darfour, pays dans lequel jamais Européen n’avait pénétré. Enfin, ce qui assure à Browne une place à part entre tant de voyageurs, c’est que, le premier, il comprit que le Bahr-el-Abiad était le vrai Nil et qu’il chercha, non pas à en découvrir la source, — il ne pouvait guère y compter, — mais à en approcher assez pour en déterminer la direction et la latitude.

Arrivé en Égypte, le 10 janvier 1792, Browne fit son premier voyage à Siouah, où il reconnut, comme devait le faire Hornemann, l’oasis de Jupiter Ammon. Il n’eut pas beaucoup plus que son successeur la faculté d’explorer les ruines et les catacombes, où il vit nombre de crânes et d’ossements humains.

« Les ruines de Siouah, dit-il, ressemblent trop à celles de la Haute-Égypte, pour qu’on puisse douter que les édifices dont elles proviennent n’aient été bâtis par la même race d’hommes. On y distingue aisément, parmi les sculptures, les figures d’Isis et d’Anubis, et les proportions de leur architecture sont, quoique plus petites, les mêmes que celles des temples égyptiens.

« Les rochers, que je vis dans le voisinage des ruines de Siouah. étaient d’une nature sablonneuse, qui n’avait aucun rapport avec la qualité des pierres de ces ruines ; de sorte que je pense que, quand on a bâti les édifices, les matériaux ne peuvent avoir été pris sur les lieux. Les habitants de Siouah n’ont conservé sur ces objets aucune tradition vraisemblable ; ils s’imaginent seulement qu’ils renferment des trésors et qu’ils sont fréquentés par des démons. »

Dès qu’il eut quitté Siouah, Browne fit plusieurs courses en Égypte et vint s’établir au Caire, où il apprit l’arabe. Il quitta cette ville le 10 septembre 1792, et visita successivement Kaw, Achmin, Girgeh, Denderah, Kous, Thèbes, Assouan, Kosseïr, Memphis, Suez, le mont Sinaï ; puis, désireux de pénétrer en Abyssinie, mais certain qu’il ne pourrait le faire par Massouah, il partit d’Assiout pour le Darfour, au mois de mai 1793, avec la caravane du Soudan. Ainé, Dizé, Charjé. Boulak, Scheb, Seliné, Leghéa, Bir-el-Malha, telles furent les étapes de la caravane avant d’atteindre le Darfour.

Détenu à Soucini, malade, Browne ne put gagner El-Fascher qu’après un long délai. Dans cette ville, les vexations et les exactions recommencèrent, et Browne ne put parvenir à être reçu par le sultan. Il dut passer l’hiver à Cobbé, attendant une convalescence qui ne se fit que pendant l’été de 1794. Cependant,