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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

Une question scientifique d’une haute importance, le passage de Vénus sur le disque du soleil, annoncé pour 1769, passionnait alors les savants du monde entier. Le gouvernement anglais, persuadé que cette observation ne pouvait être faite avec fruit que dans la mer du Sud, avait résolu d’y envoyer une expédition scientifique. Le commandement en fut offert au fameux hydrographe A. Dalrymple, aussi célèbre par ses connaissances astronomiques que par ses recherches géographiques sur les mers australes. Mais ses exigences, sa demande d’une commission de capitaine de vaisseau, que lui refusait obstinément sir Edouard Hawker, déterminèrent le secrétaire de l’Amirauté à proposer un autre commandant pour l’expédition projetée. Son choix s’arrêta sur James Cook, chaleureusement appuyé par sir Hugues Palliser, et qui reçut, avec le rang de lieutenant de vaisseau, le commandement de l’Endeavour.

Cook avait alors quarante ans. C’était son premier commandement dans la marine royale. La mission qu’on lui confiait exigeait des qualités multiples, qu’on trouvait alors rarement réunies chez un marin. En effet, si l’observation du passage de Vénus était le principal objet du voyage, il n’en était pas le seul, et Cook devait faire une campagne de reconnaissance et de découverte dans l’océan Pacifique. L’humble enfant du Yorkshire ne devait pas se trouver au-dessous de la tâche difficile qu’on lui imposait.

Tandis qu’on procédait à l’armement de l’Endeavour, qu’on choisissait les quatre-vingt-quatre hommes de son équipage, qu’on embarquait ses dix-huit mois de vivres, ses dix canons et ses douze pierriers avec les munitions nécessaires, le capitaine Wallis, qui venait de faire le tour du monde, rentrait en Angleterre. Consulté sur le lieu le plus favorable à l’observation du passage de Vénus, ce navigateur désigna une île qu’il avait découverte, à laquelle il donnait le nom de Georges III, et qu’on sut, depuis, être appelée Taïti par les indigènes. Ce fut l’endroit fixé à Cook pour faire ses observations.

Avec lui s’embarquèrent Charles Green, assistant du docteur Bradley à l’observatoire de Greenwich, à qui était confiée la partie astronomique, le docteur Solander, médecin suédois, disciple de Linné, professeur au British Museum, chargé de la partie botanique, et enfin sir Joseph Banks, qui cherchait dans les voyages l’emploi de son activité et de son immense fortune. En sortant de l’université d’Oxford, cet homme du monde avait visité les côtes de Terre-Neuve et du Labrador et pris, durant ce voyage, un goût très vif pour la botanique. Il s’adjoignit deux peintres, l’un pour le paysage et la figure, l’autre pour les objets d’histoire naturelle, plus un secrétaire et quatre domestiques, dont deux nègres.