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LA CAVERNE DU DRAGON

Sohne est mort, et non pas par l’explosion d’un sachet de dynamite !… La règle est absolue, il faut qu’elle soit inflexible ! Je n’y puis rien changer. »

Marcel regardait Herr Schultze. Il comprit, au son de sa voix, à l’entêtement bestial de cette tête chauve, qu’il était perdu. Aussi ne se donna-t-il même pas la peine de protester.

« Quand mourrai-je et de quelle mort ? demanda-t-il.

— Ne vous inquiétez pas de ce détail, répondit tranquillement Herr Schultze. Vous mourrez, mais la souffrance vous sera épargnée. Un matin, vous ne vous réveillerez pas. Voilà tout. »

Sur un signe du Roi de l’Acier, Marcel se vit emmené et consigné dans sa chambre, dont la porte fut gardée par les deux géants.

Mais, lorsqu’il se retrouva seul, il songea, en frémissant d’angoisse et de colère, au docteur, à tous les siens, à tous ses compatriotes, à tous ceux qu’il aimait !

« La mort qui m’attend n’est rien, se dit-il. Mais le danger qui les menace, comment le conjurer ! »



CHAPITRE IX

« p. p. c. »


La situation, en effet, était excessivement grave. Que pouvait faire Marcel, dont les heures d’existence étaient maintenant comptées, et qui voyait peut-être arriver sa dernière nuit avec le coucher du soleil ?

Il ne dormit pas un instant, — non par crainte de ne plus se réveiller, ainsi que l’avait dit Herr Schultze, — mais parce que sa pensée ne parvenait pas à quitter France-Ville, sous le coup de cette imminente catastrophe !

« Que tenter ? se répétait-il. Détruire ce canon ? Faire sauter la tour qui le porte ? Et comment le pourrais-je ? Fuir ! fuir, lorsque ma chambre est gardée par ces deux colosses ! Et puis, quand je parviendrais, avant cette date du 13 septembre, à quitter Stahlstadt, comment empêcherais-je ?… Mais si ! À défaut de notre chère cité, je pourrais au moins sauver ses habitants, arriver