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— Soit, répondit Ben Raddle, dans une heure, nous pouvons être fixés à cet égard…

— En effet, ajouta Bill Stell, et je vais vous indiquer les bureaux du capitaine Healy de l’American Transportation and Trading Compagny, qui sont établis dans Front Street. »

C’est par suite de cette résolution que les deux cousins quittèrent Northern Hotel dans l’après-midi, et se dirigèrent sous la conduite du Scout vers la maison occupée par le syndicat de Chicago.

Il y avait grande foule dans le quartier. Le steamer du Yukon venait de débarquer un grand nombre d’émigrants. En attendant l’heure de se répandre sur les divers affluents du fleuve, les uns pour exploiter les gisements qui leur appartenaient, les autres pour louer leurs bras à des prix très élevés, ils fourmillaient dans la ville. Front Street était plus encombrée qu’aucune autre rue, car les principales agences y résidaient. Et en même temps, à la foule humaine se mélangeait la foule canine. À chaque pas, on se trouvait aux prises avec ces animaux, aussi peu domestiqués que possible, et dont les hurlements déchiraient l’oreille.

« Mais c’est une cité de chiens, cette Dawson ! répétait Summy Skim, et son premier magistrat devrait être un molosse ! »

Cependant, non sans chocs, bousculades, objurgations et injures, Ben Raddle et Summy Skim parvinrent à remonter Front Street jusqu’aux bureaux du syndicat, devant la porte duquel les laissa le Scout qu’ils devaient retrouver à Northern Hotel.

Ils furent reçus par le sous-directeur, M. William Broll, auquel ils firent connaître l’objet de leur visite.

« Ah ! très bien, répondit M. Broll, vous êtes MM. Raddle et Skim de Montréal ? Enchanté de vous voir.

— Non moins enchantés, répondit Summy Skim.

— Les héritiers de Josias Lacoste, propriétaire du claim 129 de Forty Miles Creek ?…

— Précisément, déclara Ben Raddle.

— Et depuis que nous sommes partis pour cet interminable voyage, demanda Summy Skim, il y a lieu de croire que ce claim n’a pas disparu ?

— Non, messieurs, répondit M. William Broll, et soyez sûrs qu’il est à la place que lui assigne le cadastreur, sur la limite des deux États qui n’est pas encore exactement déterminée… »

Que signifiait cette phrase assez inattendue ? En quoi la ligne frontière qui séparait l’Alaska du Dominion pouvait-elle intéresser le claim 129 ?… M. Josias Lacoste n’en était-il pas le légitime propriétaire de son

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