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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

— Oui, mon oncle.

— Merci, mon neveu ! »

Les pirogues du moyen Orénoque, les plus petites, sont creusées dans le tronc d’un gros arbre, entre autres le cachicamo. Les plus grandes, faites de planches ajustées, arrondies sur les flancs, taillées en proue à l’avant, se relèvent en voûte. Ces embarcations, construites assez solidement, résistent à l’usure du traînage sur les bas-fonds et aux chocs du portage, lorsqu’il faut les transporter au-delà des raudals infranchissables.

Au centre se dresse un mât, maintenu par un étai et deux haubans auquel se grée une voile carrée, utilisable pour le vent arrière et un peu de grand largue. Une sorte de pagaie, qui sert de gouvernail, est manœuvrée par le patron.

La partie antérieure de la pirogue est découverte depuis l’emplanture du mât jusqu’à la proue. C’est là que se tient le jour, se couche la nuit, l’équipage ordinairement composé de dix Indiens, un patron et neuf hommes.

La partie postérieure, depuis le pied de mât jusqu’à l’arrière, moins la place réservée au timonier, est abritée d’un rouf, sorte de toit dont les feuilles de palmier sont retenues par des bambous disposés longitudinalement.

Ce rouf forme la cabine de la pirogue. Il contient les couchettes, — de simples esteras étendues sur une litière sèche, — les ustensiles de cuisine et de table, le petit fourneau qui sert à la cuisson des aliments, gibier provenant de la chasse, poisson provenant de la pêche. Il est possible de le diviser en plusieurs compartiments au moyen de nattes retombantes, car il n’a pas moins de cinq à six mètres de longueur sur les dix à onze que mesure l’embarcation de bout en bout.

Ces pirogues de l’Orénoque sont désignées sous le nom de falcas. Lorsque le vent est propice, elles naviguent à la voile, assez lentement d’ailleurs, car elles ont à vaincre un courant parfois très rapide entre les nombreuses îles dont le fleuve est semé. Le vent vient-il à